VENEZUELA – LE DÉSASTRE DE MARACAIBO


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2018

Maracaibo est la 2ème ville du Venezuela. Située à l’Ouest, elle est en bordure du plus grand lac d’Amérique du Sud. Avec ses 2 millions d’habitants, la ville a été construite par les Américains au début du 20ème siècle pour que l’économie du pétrole puisse évoluer. Jusqu’en 2013, c’était une ville très prospère.

Le lac contient en effet l’une des plus grandes réserves de pétrole brut du monde. Mais depuis quelques années, avec la chute du baril et le manque de diversification économique du pays, la région tombe en ruine et subit l’une des plus graves crises économiques du monde moderne, selon le FMI. L’inflation est envisagée aux alentours de 13800 % en 2018. Il faut savoir que les exportations du pays sont basées à 96% sur le pétrole.

Résultat immédiat, l’argent ne vaut plus rien et le PIB a chuté de manière catastrophique. 1 euro se change à 1 million de bolivars au marché noir. Les infrastructures ne sont plus entretenues et la crise humanitaire commence à s’envoler : pénuries de cash, dévaluations records, famines, pauvreté soudaine, maladies et déjà plus de 2 millions de réfugiés dans les pays alentours, notamment en Colombie.

Les élections du 20 mai 2018 n’y changeront rien. Nicolas Maduro a été réélu avec plus de 60 % des voix, mais de nombreuses irrégularités ont été observées : votes achetés, opposition muselées, machines détraquées, morts qui votent, expatriés interdits d’élections, etc. Les chavistes ont beau garder le pouvoir, l’économie a atteint un tel stade que le pays est en passe d’exploser.

Sur le lac de Maracaibo, le constat est amer : les pêcheurs ancestraux sont passés d’un stock hebdomadaire de 1,5 tonnes à 50 kilos en l’espace de 10 ans. Comme plus personne n’achète leur poisson, faute de moyens, ils sont obligés de se nourrir de leur travail et d’aller pêcher trois fois plus.

En outre, le lac est complètement dévasté par le manque d’entretien des structures pétrolières. Les 45 000 kms d’oléoducs immergés dans le lac se sont mis à fuir, dégageant quotidiennement des milliers de litres et créant ainsi un désastre écologique majeur. Les pécheurs se retrouvent coincés et obligé de pêcher au milieu de marées noires désastreuses. Abandonnés à leur sort par les autorités du pays, ils risquent de disparaître d’ici quelques années…

Photographies HUBY Chris