UN BLUES POUR LANDSKRONA


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Landskrona. Ou "La Couronne (Krona) du Pays (Land)" comme on pensait jadis. Une petite ville ouvrière sur la côte, quelque part entre Malmö et Helsinborg. Où les sociaux-démocrates gouvernent depuis toujours.
Une ville qui historiquement s’est surtout rendue célèbre pour son équipe de football à rayures blanc et noir. Des chantiers navals florissants. Et mine de rien, le tyran et astronome Tycho Brahé qui a aussi laissé ses traces dans les manuels d’histoire.
Aujourd’hui, il ne reste plus que l’équipe de football à rayures noir et blanc. Le chômage. Les démantèlements. Et la criminalité qui attire l’attention des médias sur cette petite ville côtière d’où autrefois on pouvait prendre le bateau pour Copenhague sur l’autre rive de l’Öresund. Pour l’exotique, dangereuse et continentale Copenhague… Autrefois notre capitale.
En 1980, le conseil d’administration des chantiers navals de l’Öresund déclara qu’il n’était plus possible de concurrencer les chantiers navals asiatiques. Et on réalisa le démantèlement d’entreprise le plus important en Suède jusqu’alors. Au total, deux mille cinq cents employés furent licenciés. Et la même année, dans le match de foot décisif contre le IFK Nörrköping, le Landskrona BoIS, fierté de la ville, fut relégué en 2e division.
La ville était en crise. Rien n’était plus désormais acquis. Ce qu’on voulait il fallait s’en occuper soi-même. Avec la sensation de toujours devoir se battre en position d’infériorité. Mais en même temps une tolérance énorme envers tout et tous. Rien ne fait froncer les sourcils à un habitant de Landskrona. Il y a toujours pire ailleurs.
Et moi j’étais là, au milieu de tout ça. Un simple fils d’ouvrier de huit ans. Vingt-cinq ans plus tard je reviens ici. Un peu plus vieux que la dernière fois et évidemment héritier de mes racines. Je trie des piles de planches contact. Des négatifs de photos prises à Landskrona pendant une grande partie des années 90 et jusqu’à maintenant.
Des images que je me sens forcé de sortir de mes tiroirs. Des images que je me sens dans l’obligation de montrer. Des images d’une ville totalement transformée, mais en même temps identique alors et maintenant.
Et c’est en fait cette atmosphère qui a fait de moi celui que je suis aujourd’hui. Et j’aime cette petite ville. C’est pourquoi je montre ces images…
Thomas H. Johnsson

Photographies JOHNSSON Thomas H