LES MARTYRS
DU 28 JANVIER
Mémoire d'une révolution
Egypte, le Caire, 2011-2012


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 Denis DAILLEUX
 
LES MARTYRS DU 28 JANVIER
Mémoire d’une révolution
Egypte, le Caire, 2011-2012Le 5 avril 2008, au Caire, un de mes amis français m’a téléphoné en me disant : " ne sors pas demain, il y a un appel à la grève via les réseaux sociaux ". Le 6 avril, je suis sorti quand même pour me rendre sur la place Tahrir. Il n’y avait aucun manifestant mais des policiers par centaines qui arrêtaient arbitrairement des égyptiens sortant de la bouche du métro, semant ainsi la panique. Ce jour-là, les policiers ont entrevu la possibilité d’une révolte qui n’a pas eu lieu. Ce jour-là aussi, je me suis dit qu’il faudra que les égyptiens aient le courage de mourir pour  la  Révolution.
 
Le 28 janvier 2011, vers 16 heures, je me suis dirigé à pied vers la placeTahrir avec un ami. En chemin, nous avons constaté les traces des combats : des grilles arrachées, le sol jonché de détritus et l’odeur du gaz lacrymogène.

Quand nous sommes arrivés sur le pont Kasr el Nil, des jeunes gens couraient dans tous les sens, certains portaient des blessés. J’ai vu ces jeunes garçons dans la fleur de l’âge se motiver en criant pour trouver le courage d’aller combattre des policiers armés jusqu’aux dents, eux n’avaient dans leurs mains que des pierres, certains n’avaient pour toute arme que leur rage.
 
Nous ne le savions pas encore, mais au même moment, l’insurrection avait lieu dans tout le Caire. Partout, des jeunes gens descendaient pour exprimer leur colère contre la police en ralliant les manifestations. Ce n’étaient pas des activistes, mais de simples citoyens. Un grand nombre d’entre eux ont été abattus par les policiers qui tiraient depuis les toits.
 
Deux jours après, les photos des martyrs circulaient sur la place, brandies par leurs amis. C’est à cet instant précis que j’ai décidé que je rendrai un jour hommage à ces jeunes héros égyptiens en photographiant leurs parents et leur lieu de vie pour que les disparus ne deviennent pas des oubliés.Légendes : 01- Wala, 33 ans, garçon de café.

02- Tarek, 24 ans, au chômage.

03- Girgis, 30 ans, chauffeur.

04- Ossama, 44 ans, homme d’affaire.

05- Mustapha, 26 ans, venait juste de terminer ses études de commerce à l’université.

06- Mustapha, 18 ans, étudiant.

07- Kaled, 14 ans, étudiant.

08- Saïd, 32 ans, serveur.

09- Kaled, 18 ans, étudiant.

10- Saïd, 27 ans, chauffeur.

11- Ibrahim, 28 ans, travaillait le métal.

12- Mahmoud, 30 ans, électricien.

13- Mariam, 16 ans, étudiante.

14- Ahmed, 38 ans, peintre en bâtiment.

15- Omar, 20 ans, était à l’armée.

16- Islam, 18 ans, étudiant.

17- Hadir, 14 ans, collégienne.

18- Mahmoud, 19 ans, étudiant.

19- Mona, 42 ans, mère au foyer.

20- Yeryer, 18 ans, étudiant.

21- Mohamed, 19 ans, étudiant.

Photographies DAILLEUX Denis