LA RIVIERE DES INTOUCHABLES


This post is also available in: Anglais

 Nepal 2013
Basile CRESPINLe fleuve Bagmati, à Katmandou, est un des fleuves les plus pollués d’Asie. Toute la ville y jette ses déchets industriels et ménagers, tous les égouts s’y déversent. Pourtant, les Dalits, une caste d’intouchables, vivent au bord de la rivière. Ils font la manche, ramassent les déchets, les trient ou les brulent pour gagner quelques pièces. Mais vivre des immondices du fleuve a un prix : avec une espérance de vie d’environ 35 ans et de lourdes pathologies dues à l’eau putride, le tribut à payer est très élevé. Rapki a perdu la vue à 15 ans après une infection. Son premier enfant est mort de la lèpre, le deuxième de la pneumonie.  Quelques centaines de mètres plus loin, à côté du fleuve, Kumar et Heeni vivent parmi les tas d’ordures et séparent inlassablement seringues, plastiques et aliments pour revendre ce qui peut l’être.

Le manque d’éducation ne permet malheureusement pas aux Dalits de faire le lien entre les déchets et le développement de bactéries et des maladies qui en découlent inéluctablement. Ces parasites, bactéries et autres intoxications aux métaux et aux plastiques augmentent considérablement la mortalité infantile.

Le but n’était pas, dans ce reportage, de faire du voyeurisme, mais simplement, souligner par une série de photos, comment l’environnement, les déchets et la consommation, peuvent impacter les populations les plus pauvres. Le problème est que ces déchets, qui les tuent, sont aussi bien souvent leur unique source de revenu. Le Népal, qui sort de 10 ans de guerre civile, peine à mettre en place des programmes de nettoyage de la rivière et de prévention auprès des populations les plus pauvres.
 
Mon travail n’a porté que sur Katmandou, mais la rivière Bagmati, allant jusqu’en Inde, doit certainement poser des problèmes sanitaires sur des centaines de kilomètres, il serait intéressant de la descendre jusqu’à son embouchure.
 
Légendes :
01- Plusieurs tonnes de déchets ménagers sont quotidiennement jetées dans la rivière. Les Dalits brulent certains déchets contenant des matériaux comme le plastique au bord de la rivière. Les fumées peuvent être très toxiques.02- Des enfants sur un promontoire de déchets.03- Inconscientes des risques sanitaires, les femmes viennent quotidiennement laver leur linge ou leur vaisselle dans la rivière Bagmati.04- Ce sac contient l’équivalent de ce que chaque famille de Katmandou déverse chaque jour dans la rivière.05- les enfants sont les premières victimes de l’insalubrité, le taux de mortalité infantile chez les Dalits vivant au bord de la rivière y est 5 fois supérieur au reste du pays.06- La caste d’intouchable vit dans un campement sauvage au bord de la rivière, le gouvernement, après les avoir déplacés là en 2006, cherche maintenant à les en expulser.07- Rapki a perdu la vue à 15 ans. Sa femme aussi est aveugle, leurs deux premiers enfants sont morts, victimes de la lèpre et de la pneumonie, dues à l’insalubrité.08- Vielle femme à l’entrée d’un des camps de Dalits09- Beaucoup de familles vivent avec moins de 50 roupies par jours (35 centimes d’euros), bien en dessous du seuil de pauvreté.10- La malnutrition reste, après l’insalubrité, le principal problème des Dalits.11- Portraits d’enfants sur un tas d’ordures.12- une femme sous sa tente, cuisine avec l’eau la rivière.13- Pêcheur devant la décharge. 14- Une femme lave sa vaisselle sur le campement Dalit.15- Vieille femme tenant un sac de riz. Plusieurs associations viennent en aide aux Dalits en fournissant chaque semaine du riz aux familles. 16- A droite, le début d’un quartier Dalit. Un couple ramasse des déchets. 17- A quelques mètres du fleuve, comme Kumar et Heeni, les Dalits récupèrent une partie des déchets de la rivière et les trient. Un dédale d’habitations et de montagnes de déchets s’entremêlent.18- Depuis 10 ans, Kumar et Heeni trient les déchets dans un immense dédale d’ordures. Ils ont déjà perdu plusieurs parents ou amis qui travaillaient avec eux.19- Kumar travaille à la décharge depuis l’âge de 15 ans, triant métaux et plastiques. 20- Malgré la puanteur et le risque de maladies certains d’entre eux on bâtit des habitations en tôle au milieu de la décharge.
 

Photographies CRESPIN Basile