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Reportage photographique pour la CIMADE Ile de France

Victimes des restrictions apportées ces dernières années au droit de vivre en famille, déboutés du droit d’asile qui ne veulent ou ne peuvent repartir dans leur pays, personnes vivant depuis de nombreuses années en France en butte aux tracasseries administratives ou à la double peine, étudiants, malades ayant besoin de soins, nombreuses sont les personnes qui viennent solliciter une aide à la Cimade pour obtenir ou conserver le droit de vivre en France.
Cette association implantée au niveau national a été fondée le 18 octobre 1939 au sein des mouvements de jeunesse protestants. De sa mission initiale auprès des « évacués » de l’Alsace-Lorraine fuyant l’avancée nazie, elle a conservé son nom (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Évacués). Depuis, la Cimade a adapté son action aux enjeux de l’époque : engagement auprès des Juifs menacés, réconciliation franco-allemande, décolonisation, et aujourd’hui solidarité active avec les migrants.
En Mars 2015, j’ai décidé de commencer ce travail photographique dans l’une de ces permanences….

Au 25 de la rue Fessart derrière l’église de Jourdain à Paris, il existe un endroit où se côtoient des Nigériens, des Cambodgiens, des Marocains, des Maliens, des Philippins, des Tunisiens, des Algériens… Si tous sont là, c’est qu’ils ont fui la guerre, les persécutions politiques ou la misère dans leur pays d’origine. C’est cela l’exil. Un déracinement provoqué par une nécessité toujours brutale.
Dans la salle d’attente aux murs verts pale, une carte du monde est accrochée. L’ambiance est calme, parfois même joyeuse, mais malgré les sourires timides, l’anxiété est palpable. Tous ceux qui sont là ont en commun l’espoir d’obtenir le droit de vivre en France.
Bientôt entreront Céline, Marie Ange, George ou Sabine, bénévoles. Ceux-là ont pour mission d’éclairer la jungle administrative qui en matière d’immigration ne cesse de s’épaissir. Leurs conseils juridiques sont pointus, avisés et toujours empreint de compassion. Chaque histoire est singulière. Des heures d’écoute sont quelque fois nécessaires pour démêler les situations et apporter les réponses adaptées. La tension que représente la menace de « l’OQTF », (Obligation de Quitter le Territoire Français), conditionne la vie des migrants durant parfois des années. Certains n’ont plus aucun lien dans leur pays d’origine. Comme Mr Traoré, arrivé en France en 2001 et toujours pas régularisé en quatorze années. Pendant tout ce temps, sa famille en Côte d’Ivoire à entièrement disparue. Il m’a confié : « ma vie elle est comme ça, plus de parents, plus personne, je me dis je vais repartir en Côte d’Ivoire mais c’est comme-ci on prenait quelqu’un et on le mettait dans un désert ».
Les solutions n’existent pas toujours, mais l’écoute attentive qui est leur consacrée ici à la Cimade est une précieuse bouffée d’humanité, car chacun y est entendu, défendu et retrouve sa dignité.

http://www.alexandrabellamy.com/rue-fessart

Photographies BELLAMY Alexandra
2015