DAR ES-SALAAM
Sur la route des opiacés,
une nouvelle épidémie de Sida


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 Agnès VARRAINE LECA
Tanzanie, 2011 Alors que jusqu’au début des années 90, l’Afrique n’apparaissait pas sur les routes du trafic mondial de drogues, le continent est devenu en quelques années une plateforme de stockage et de redistribution vers l’Amérique du sud et l’Europe. Ce sont plus de 40 tonnes d’héroïne en provenance d’Afghanistan qui s’y sont écoulées en 2009, notamment via l’Afrique de l’est.

Aujourd’hui, on estime à plus de 25 000 le nombre d’usagers de drogues par injection en Tanzanie. Un chiffre en constante augmentation, qui montre bien les limites de la criminalisation et des mesures répressives visant les consommateurs de drogues. Le dispositif légal mis en place par les autorités prévoit actuellement une amende de 300 000 shillings tanzaniens (130 euros) qui peut être assortie d’une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison pour toute personne arrêtée en possession de drogues.

En Tanzanie, la consommation d’héroïne par injection s’est répandue rapidement, et avec elle, la transmission du VIH, des hépatites virales et d’autres IST. L’épidémie du sida y touche 6,5% de la population, mais se concentre particulièrement au sein des groupes ayant des comportements à risques : personnes se prostituant, homosexuels, usagers de drogues par injection. Selon une étude menée en 2011 par Médecins du Monde à Dar es-Salaam, 30% des hommes et 67% des femmes s’injectant sont infectés par le virus. Un taux de prévalence alarmant qui nécessite une réponse adaptée aux besoins d’une population marginalisée par ses pratiques et modes de vie, et de fait stigmatisée.
Légendes :

01. Une usagère de drogues avec son kit d’injection stérile composé de seringues, cotons alcoolisés, eau stérile et préservatifs. Pratiquée par des ONG tanzaniennes et internationales, la réduction des risques (RdR) s’est peu à peu développée dans la capitale tanzanienne comme une réponse de santé publique visant à réduire les risques de transmission du VIH et des hépatites virales liés à l’usage de drogues par injection.

02. Centre d’accueil de l’ONG Médecins du Monde. District de Temeke, Dar es-Salaam.

03. Centre d’accueil pour les usagers de drogues : ils peuvent s’y faire soigner, se laver et laver leur linge. District de Temeke, Dar es-Salaam.

04. Dans la cour du centre d’accueil, un usager étend son linge. District de Temeke, Dar es-Salaam.

05. Dans le centre d’accueil, les usagers peuvent accéder gratuitement aux antirétroviraux et se faire dépister pour le VIH et les hépatites virales. District de Temeke, Dar es-Salaam.

06. Le premier programme d’échange de seringues a été mis en place à Dar es-Salaam en 2010. Centre d’accueil pour les usagers de drogues, district de Temeke, Dar es-Salaam.

07. Une boite de recyclage des seringues et aiguilles usagées. District de Temeke, Dar es-Salaam.

08. Une session d’éducation à la pratique d’injection à moindre risque, réalisée par un travailleur pair. L’occasion de sensibiliser sur les risques de transmission du VIH et des hépatites, favorisés notamment par l’échange de seringues entre usagers. District de Temeke, Dar es-Salaam.

09. Durant la session d’éducation à la pratique d’injection à moindre risque, les usagers échangent sur leurs pratiques. District de Temeke, Dar es-Salaam.

10. Un usager dans le centre d’accueil. District de Temeke, Dar es-Salaam.

11. A la suite d’injections répétées et réalisées dans de mauvaises conditions sanitaires, des abcès peuvent se créer et s’infecter rapidement, entrainant certaines complications jusqu’à l’amputation. District de Temeke, Dar es-Salaam.

12. Sharif, l’un des nombreux camps où se retrouvent les usagers pour consommer. Dar es-Salaam.

13. Une distribution de matériel d’injection stérile à Sharif, Dar es-Salaam.

14. Un usager attend un kit d’injection stérile, Sharif, Dar es-Salaam.

15. Sharif, Dar es-Salaam.

16. A cause des injections répétées, certaines veines sont fragilisées et souvent extrêmement abimées.

17. Beaucoup d’usagers se retrouvent dans des camps pour consommer, des lieux où ils sont protégés du harcèlement de la police. Sharif. Dar es-Salaam.

18. Consommation d’héroïne par injection. District de Temeke, Dar es-Salaam.

19. Lors d’une distribution de matériel d’injection stérile, à la tombée de la nuit, dans le district de Temeke, le plus pauvre de Dar es-Salaam.

20. Une distribution nocturne de matériel d’injection stérile à Zakhem, district de Temeke, Dar es- Salaam.

Photographies VARRAINE-LECA Agnes