BOULEVARD
DU PEUPLE


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  Bamako, Ville africaine par excellence avec ses rues bordées de manguiers et de flamboyants prend par endroits les airs d’un immense village de brousse. Bamako vit pourtant au rythme d’une grande ville. Coupée en deux dans sa largeur par le fleuve Niger et dans sa hauteur par le boulevard du peuple. C’est lui qui nous intéresse. Le boulevard du peuple, axe de circulation qui porte bien son nom tant il est le théâtre d’une activité intense, frénétique, hystérique même.
 Les voies de communications sont ainsi dessinées qu’il est presque impossible de l’éviter quand on veut se rendre d’un bout de la ville à l’autre. Toutes y convergent. Le train de Dakar, les voitures particulières, les taxis jaunes, les minibus de transport en commun peints en vert, les motocyclettes, les vélos, les charrettes de porteurs, les piétons et les vendeurs ambulants forment un flux compact et
permanent. L’endroit traduit bien cette expression : La rue est à nous » ! Rien n’est plus exact, permanent, indissociable de ce lieu où chaque mètre carré d’espace est un petit théâtre, un micro monde où se joue le répertoire de la mondialisation libérale dans sa déclinaison africaine. Une sorte de libéralisme abouti dont l’Etat est exclu, où chacun est libre selon ses moyens et ses capacités de mener l’activité qu’il peut, dans un univers dérégulé au maximum où le secteur privé informel occupe une position dominante. A ce jeu, les mieux dotés s’enrichissent, les moins bien survivent. Ainsi va la vie, boulevard du peuple…

Photographies ROLLAND Arnaud, « Harouna 1er »