BATAILLE
POUR LE GRAND FLEUVE


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État des lieux réalisé au Mali en 2005 et 2006 sur un tronçon de 1000 km du fleuve Niger entre Bamako et Korioumé. Première partie d’un travail qui doit se poursuivre en Guinée, au Niger et jusqu’au Nigéria dans la zone pétrolifère du delta.
Le titre de ce travail est un clin d’œil au film de Jean Rouch Bataille sur le grand fleuve, un documentaire sur la chasse à l’hippopotame tourné en 1951 dans les eaux du Niger à une époque où il n’était pas encore "malade de l’homme". Troisième fleuve d’Afrique par son importance, miracle de la nature qui tutoie le désert dans le nord du Mali, écosystème exceptionnel par son ampleur et par sa biodiversité, le Niger est aujourd’hui plus que jamais en péril. Il est exploité unilatéralement comme s’il pouvait répondre de manière illimitée à une demande insatiable et ne survivra pas à l’ensablement, à l’essor démographique et à l’urbanisation incontrôlée.
Ce piètre constat avait déjà été posé en 1996 et l’état des lieux aujourd’hui n’est pas réjouissant. L’exploitation des eaux s’est intensifiée, les rejets d’eaux usées se sont accentués et aucune conscience publique ne s’est réellement organisée. Malgré quelques beaux projets de valorisation, la situation reste très préoccupante faute de moyens conséquents. Chaque jour la seule ville de Bamako produit quelque 2000 mètres cubes de déchets ménagers et industriels et autant d’eaux usées jusqu’au dernier degré qui sont déversés directement dans le fleuve, sans aucun traitement. La capacité d’autoépuration du fleuve n’étant pas sans limites, cette charge polluante accumulée a des effets contaminants sur le cycle du vivant, sur la chaîne alimentaire et au niveau sanitaire. L’homme met en péril son approvisionnement vital en eau potable et en eaux destinées tant aux besoins sanitaires qu’à l’agriculture.
L’enjeu aujourd’hui est de taille, puisque cent millions de personnes vivent dans le bassin du Niger. Une des clés de la réussite d’un tel projet consiste à diffuser l’information nécessaire à une prise de conscience au niveau individuel et c’est ce à quoi ce travail veut modestement contribuer.  

Photographies ROLLAND Arnaud, « Harouna 1er »