WHO CARES? GENRE ET ACTION HUMANITAIRE


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Du 31 mai au 9 octobre 2022, le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant- Rouge (MICR) pose un regard nouveau sur l’histoire de l’action humanitaire sous le prisme du genre. Fruit d’un partenariat inédit avec l’Université de Genève et soutenue par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), l’exposition Who cares ? porte un regard critique sur les représentations stéréotypées de l’humanitaire afin d’explorer la complexité du vécu des travailleur.se.s humanitaires, d’hier et d’aujourd’hui, au travers de parcours pluriels. Une journée portes ouvertes est organisée le samedi 4 juin pour célébrer son lancement.

Prendre soin – deux mots d’une confondante simplicité pour faire écho à l’humanité, le principe prépondérant de toute action humanitaire. Avec son titre au double sens assumé, la nouvelle exposition du MICR Who cares ? approche les questions suivantes : qui, au juste, prodigue quels soins en répondant à quels besoins. Et qui, au fond, s’en soucie ?

Résultat d’un partenariat entre le MICR et l’Institut Éthique Histoire Humanités de l’Université de Genève, Who cares ? invite à considérer l’action humanitaire sous le prisme du genre et de la diversité. En portant un regard nouveau sur le vécu de celles et ceux que l’histoire a rendu.e.s invisibles, l’exposition nous amène à nous interroger sur notre perception des humanitaires et des personnes auxquelles le soin est dispensé, à travers une large sélection d’objets et de récits réunis pour la première fois.

Réhabiliter les figures oubliées de l’action humanitaire

Quelles figures incarnent l’univers du soin ? Dans l’histoire visuelle occidentale, la figure soignante a souvent été associée à des caractéristiques considérées comme féminines, telles que l’écoute, le dévouement, la sympathie, l’empathie ou la compassion. Puisant leur force dans le soulagement et la guérison, les représentations des infirmières incarnent, dès la fin du XIXe siècle, des stéréotypes du soin au chevet du soldat blessé. La figure maternelle ou angélique de la femme humanitaire convoque les traits d’un groupe souvent restreint à des femmes occidentales blanches, issues de milieux privilégiés.

Mobilisant les apports de l’histoire de la médecine et du genre, de la culture visuelle et de l’éthique du care, l’exposition souligne la présence de représentations stéréotypées qui témoignent d’une répartition figée des rôles. Ce regard, qui oppose l’action et le leadership au soin et à la compassion, limite l’accès aux réalités vécues et ne parvient pas à rendre compte de la complexité du travail des humanitaires.

Who cares ? propose des clés de lecture pour comprendre à quel point l’histoire de l’action humanitaire s’est construite à travers le regard masculin. L’histoire peut servir d’outil citoyen pour construire une société plus inclusive, et donc plus démocratique, comme l’affirment les chercheuses Dolores Martín Moruno, Brenda Lynn Edgar et Marie Leyder de l’Institut Éthique Histoire Humanités de l’Université de Genève : « Who cares ? vise à relire l’histoire de l’action
humanitaire sous le prisme de l’invisibilisation dont les soignant.e.s ont fait l’objet. Qu’il s’agisse d’expériences vécues, de savoirs, de gestes techniques ou encore de rapports de pouvoir établis, ces questions ont trait à des thématiques centrales de notre société. Le genre, mais aussi l’ethnie, la classe sociale ou l’orientation sexuelle font débat, aujourd’hui plus que jamais. »

Cette logique de déconstruction est traduite dans la conception même de l’exposition sous la forme d’une série de constellations, comme l’expliquent Claire FitzGerald et Elisa Rusca, conservatrices du MICR : « À travers un grand nombre de récits et d’objets, du textile aux instruments médicaux et de la photographie au film, Who cares ? construit un écosystème qui donne corps à la richesse des expériences des soignant.e.s et à la diversité des parcours humanitaires. Par la création d’un espace pluriel d’un genre nouveau, nous invitons le public à sortir des perceptions dominantes et à s’ouvrir à d’autres points de vue. »

Faire progresser la recherche au bénéfice d’un large public

Who cares ? bénéficie du soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) en tant que projet Agora, subside visant à partager des projets de recherche avec un large public. L’exposition donne une place centrale au dialogue, au débat et à la participation du public, en offrant des espaces propices à la lecture et à la réflexion.

À travers ce partenariat avec l’Université de Genève, Who cares ? accompagne le MICR dans son évolution, amorcée avant la pandémie, vers un lieu fédérateur d’échanges entre les milieux de l’humanitaire, de la culture et de la recherche, au bénéfice d’un public élargi.

Le projet permet aussi de porter un regard différent sur l’exposition permanente du MICR. Une série de questions amène les visiteur.se.s à découvrir l’Aventure humanitaire sous le prisme du genre, autant d’interrogations auxquelles Who cares ? offre des pistes de réponse. À l’écoute des mutations qui font à la fois l’actualité du Mouvement international de la Croix- Rouge et du Croissant-Rouge, de la scène culturelle et de la vie de tous les jours, le Musée
accorde une importance majeure à la diversité des voix qu’il accueille. Who cares ? fait ainsi écho à la première année thématique du MICR intitulée Genre et diversité, inaugurée en septembre 2021.

Pour Pascal Hufschmid, directeur du MICR : « Partager de manière accessible et inclusive les recherches les plus récentes menées ici, à Genève, sur l’action humanitaire sous le prisme du genre, c’est inviter les professionnel.le.s de ce secteur et nous tous.tes à nous interroger sur l’histoire de l’humanitaire et sur ses représentations contemporaines. »

Le MICR revisité par les étudiant.e.s de l’EPFL

En parallèle de l’exposition, le MICR accueille une autre voix issue de la recherche pour l’accompagner dans sa mue en un lieu de vie au service de la communauté. Au bénéfice d’une carte blanche, une centaine d’étudiant.e.s en architecture du laboratoire ALICE de l’EPFL investissent les jardins et les espaces d’accueil du Musée avec des constructions en bois inédites. Proposant aux familles, aux voisin.e.s, aux écoliers.ères et aux promeneur.se.s une
perception et un usage nouveaux du site, le projet invite à la découverte et augmente le confort de la visite. Le MICR s’affirme une nouvelle fois comme un lieu d’accueil, d’intelligence collective et d’opportunités pour de jeunes talents.

Photographies COLLECTIF

Du 31/05/2022 au 09/10/2022
MUSÉE INTERNATIONAL DE LA CROIX-ROUGE ET DU CROISSANT-ROUGE
Av. de la Paix 17
CH–1202 GENÈVE
Suisse

Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Téléphone : +41 22 748 9511
laure@north-communication.ch
www.redcrossmuseum.ch