UNCLE CHARLIE


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« J’ai brûlé sur ce perron. Il fait chaud, tu restes sur le perron. C’est pour ca que mes fesses sont taillées comme deux pinces. J’ai vu la vie défiler a la vitesse d’un ouragan, mais je n’ai jamais senti la brise sur ce perron.
Je ne savais pas cela alors. Si tu sens la brise, tu le sais, mais si tu ne sens pas la brise, tu ne le sais pas. Chaque jour se vide simplement dans le suivant. Le perron était une extension de la maison, c’est tout ce qu’il était. Tu pouvais écouter ce qu’il se passait, tu pouvais écouter et tu savais ce qu’il se passait. C’est à peu près aussi loin que je suis allé. Je suis allé à la bodega sur Myrtle pour acheter des sodas ou autres. J’avais une voiture. Je ne suis allé nulle part.
Tu prends du recul. Tu t’isoles. Tu n’as pas à t’occuper de quoi que ce soit… C’est plus facile. Tu restes au lit. Tu dors. Il y a toujours un lendemain. »Accompagnant les photographies crues de Marc Asnin, les mots tranchants de son oncle entrainent dans les confins de son âme tiraillée et impudique dans un jeu typographique mimant les fluctuations de ses humeurs à la manière des calligrammes d’Apollinaire. Cet essai autarcique se déploie sur plus de trente ans au rythme de la décadence de Charlie Henschke, anti-héros que la psychologie dérangée confine dans un microcosme chaotique. Trente ans passés par Charlie entre deux fois quatre murs, témoins inébranlables d’une vie de famille démolie par le départ inattendu d’une femme, la mort dévastatrice d’un fils, la débauche de la drogue, la rage du monde. Dans ce huis-clos auquel seul Asnin a accès, la fenetre joue un rôle fondamental et symbolique. Faisant de Charlie un voyeur autant que l’acteur fantasmé de son environnement, elle compense son incapacité de se confronter physiquement à l’extérieur et devient le reflet narcissique de cette personnalité enragée. Elément récurrent et presque omniprésent des photographies, elle installe une tension ambiguë entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’individuel et l’universel, chacun informant l’autre jusqu’à le représenter métaphoriquement. De cette fenêtre recouverte de graisse transparait un monde trouble, incertain, frémissant comme le linge dans le vent nocturne. Histoire personnelle qui se déploie avec la brutalité du monde, ce travail mêle l’impudeur des images, la crudité des mots, la dureté du contexte, l’intimité froide d’un observateur intérieur. Il fait l’effet d’une bombe, dessinant le portrait d’une société desaxée avec les traits obscènes d’un exhibitionnisme décomplexé. Laurence Cornet
Photographies MARC ASNIN

Du 08/11/2012 au 22/12/2012
STEVEN KASHER GALLERY
521 West 23rd Street
NY 10011 New York
États-Unis

Horaires : Tuesday - Saturday, 11:00am - 6:00pm
Téléphone : 212 966 3978
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