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Dans l’exposition Umkhondo. Tracing Memory, Lindokuhle Sobekwa associe les œuvres déjà existantes aux nouvelles afin de tracer les axes thématiques à travers ses photographies. Sa famille, ses ancêtres et le paysage dans lequel ils vivent constituent des thèmes récurrents dans son travail et font partie de sa recherche d’explications des événements passés. Son travail intime et poignant renvoie le regard du spectateur vers son entourage immédiat, sa propre identité et aux questions plus larges concernant la société sud-africaine.

Itinéraires le long des souvenirs
En xhosa, la langue maternelle du photographe, le mot Umkhondo peut revêtir de nombreuses significations différentes. Il peut s’agir de « tracer » ou de « suivre » quelque chose, mais il peut également désigner des signes, un symptôme de maladie ou une empreinte. Dans l’exposition au Huis Marseille, Sobekwa esquisse divers itinéraires à travers son œuvre et y relie certains événements mystérieux afin de cartographier son propre récit pendant ce parcours.

Cette première exposition muséale introduit en Europe le travail d’un jeune photographe talentueux dans la lignée de grands noms sud-africains tels que Santu Mofokeng et David Goldblatt. Tout comme les photographes qui l’ont inspiré, Sobekwa jette un regard critique sur les grands sujets comme la race, la classe et la ségrégation et les aborde en se référant à ses propres expériences et souvenirs ce qui rend son travail très personnel et intime. Mikhael Subotzky, photographe et formateur, le qualifie de « talent surnaturel » et admire dans son travail « une vision et une sensibilité qui lui sont déjà propres ». L’exposition offre un aperçu de tous les projets de Sobekwa, qui sont souvent de longue haleine et sur lesquels il travaille en jonglant. Chaque série présentée au Huis Marseille peut ainsi être vue comme un Umkhondo, une trace sur la route.

Lindokuhle Sobekwa (né en 1995 à Katlehong, Johannesbourg) a commencé à photographier en 2012 en participant au projet Of Soul and Joy, un programme éducatif à Thokoza, un township du sud-est de Johannesbourg. Pendant ce temps, il étudie chez des photographes de renom tels que Bieke Depoorter, Cyprien Clément-Delmas, Thabiso Sekgala, Tjorven Bruyneel et Kutlwano Moagi. En 2014, la publication de sa série Nyaope par plusieurs journaux et magazines lui apporte la reconnaissance internationale. À l’âge de 20 ans, il obtient une bourse d’études au Market Photo Workshop. En 2018, il rejoint Magnum Photos dont il devient membre associé en 2020. Son travail a fait l’objet de publications : Daleside: Static Dreams, en collaboration avec Cyprien Clément-Delmas (Gost Books, 2020), et I carry Her photo with Me (Steidl, à venir). Il continue de s’engager avec le projet Of Soul and Joy en tant que formateur et est parrainé par l’artiste Mikhael Subotzky. Il vit et travaille à Johannesbourg.