SUR LA LIGNE


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Michel Vanden Eeckhoudt a réalisé la série « Sur la Ligne » entre 1992 et 1994 à l’invitation du CRP/ (Centre régional de la photographie de la région Hauts-de-France) dans le cadre de la Mission Photographique Transmanche n°17, autour de la frontière qui sépare les territoires belges et français. Ces zones partagées reflètent bien souvent l’évolution difficile de l’industrie minière et sidérurgique. C’est vers les habitants que le photographe dirige son regard : tout en parcourant des fêtes foraines et des espaces quotidiens, il nous révèle leur manière de vivre.

Michel Vanden Eeckhoudt vient de la tradition du reportage. Son appareil photo Leica lui permet une grande flexibilité. Si ses photographies sont très construites et élégantes, elles n’en restent pas moins marquées d’un humour constant qui lui permet de garder une distance juste à la réalité qui l’entoure. Mais derrière cet humour, le photographe provoque en nous des interrogations : les attitudes et les situations qu’il pointe ne sont pas anodines.

« …Au moment où disparaissent les barrières douanières, il semblait intéressant de porter le regard sur cette frontière extrêmement artificielle entre la France et la Belgique, qui ne s’appuie sur aucun élément naturel, que ce soit un fleuve ou une montagne… Cette zone frontalière comporte du côté belge comme du côté français des continuités de paysage, de lumière, d’architecture. Elle a été le théâtre partagé des conflits répétés de l’histoire. Les activités économiques, avec en particulier la révolution industrielle autour d’un bassin minier qui va de Liège à Béthune, les ensembles linguistiques ont tissé d’autres solidarités de part et d’autre. Pourtant, malgré ces contiguïtés, les ruptures d’ordre culturel, les registres changeants de la palette des couleurs ou encore la disparité de l’habitat, frappent l’observateur. Autour de la ligne de la frontière, s’est aussi forgé, au fil du temps, un espace particulier marqué par la circulation des hommes et les  projections mentales. La préoccupation de Michel Vanden Eeckhoudt pour ce type de lieux troublants et révélateurs a incité le Centre régional de la photographie à le solliciter. Sa réponse, teintée d’un style fait d’ironie et de compassion, transfigure en métaphore cette investigation du réel transfrontalier… ».

Pierre Devin in Sur la ligne, collection « Mission Photographique Transmanche » n° 17, CRP, Douchy-les-Mines, 1994.

« …Michel Vanden Eeckhoudt s’est intéressé à cet espace indécis, transfrontalier à tous les sens du terme, entre un monde qui n’existe plus et un autre qui n’existe pas encore, entre celui qui semble exister et celui qui existe quand même. Mais la vie, la vie vivace, comme on dit, est là. La plage où la marée n’en finit pas de digérer les vieux rotins est la même que celle sur laquelle un ouvrier s’exerce à l’art subtil du cerf-volant. Un masque inutile grimace dans une rue déserte. Un douanier de Risquons-Tout attend placidement la fermeture de son bureau d’octroi… On a tout dit sur ce que les Français appellent – jusque dans le nom républicain du département lillois – le Nord et qui se prolonge jusqu’au sud de la Belgique. Sa longue histoire, sa puissance industrielle passée, sa possible renaissance. On a trop oublié de rappeler que c’était aussi un pays de rêveurs. Les deux pieds fermement plantés au-dessus de l’ultime frontière, entre rêve et réalité. C’est ce même pays qui a fait Matisse et qui a fait Magritte. À nous de le voir…»

Gérard Dupuy in Sur la ligne, collection « Mission Photographique Transmanche » n° 17, CRP, Douchy-les-Mines, 1994.

 

Photographies Michel VANDEN EECKHOUDT

Du 18/01/2017 au 18/02/2017
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix
75004 Paris
France

Horaires : Du mardi au samedi de 13h30 au 18h30
Entrée libre

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