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SANS ÉTAT : POINTS DE VUE SUR LA MIGRATION MONDIALE

Tandis que la migration mondiale existe depuis des siècles, nous sommes en ce moment en face d’un mouvement transfrontalier des personnes sans précèdent . Alimentée par des conflits intenses, des batailles politiques, des inégalités économiques et le changement climatique, la migration mondiale a atteint son plus haut niveau depuis la Seconde Guerre mondiale. D’après l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, 68,5 millions de personnes ont été déplacées en 2018. Parmi elles, 25,4 millions ont été désignées comme réfugiés, 10 millions sont devenues apatrides et un peu moins de 105 000 ont été réinstallées. Chaque jour, 44 400 personnes sont amenées à fuir leur foyer à cause des conflits et des persécutions. L’exposition Stateless: View of Global Migration (Sans état : vue sur la migration globale) a pour but de personnaliser ces chiffres effrayants à travers des histoires personnelles qui peuvent aider à mieux définir cette crise humaine globale. Huit artistes contemporains nous offrent leurs vues distinctes pour faire une étude sur les contradictions inhérentes à la crise tout en trouvant de la beauté et de la force face aux traumatismes collectifs. Ces œuvres d’art puissantes témoignent, contemplent les souvenirs et explorent l’attachement humain à un lieu qui devient particulièrement émouvant quand on ne peut plus y revenir en toute sécurité.

Même si leurs approches artistiques sont très différentes, Bissane Al Charif (Palestinien / Syrien né en 1977) et Omar Imam (Syrien né en 1979) donnent tous les deux la voix aux personnes qui ont été déracinées de leurs maisons en Syrie, tout comme les artistes eux-mêmes. Les œuvres de Daniel Castro Garcia (Espagnol, né en 1985) et Leila Alaoui (Française-Marocaine, 1982-2016) transmettent les expériences traumatisantes des migrants subsahariens qui sont partis pour un voyage périlleux à travers la mer Méditerranée à la recherche d’une vie meilleure en Europe – des représentations qui explorent, dans les règles d’art, les limites de la narration tout en évitant les clichés de victimisation. En collaborant avec sept réfugiés Syriens dont la plupart vient d’arriver en Europe en traversant la mer Méditerranée sur des radeaux, Shimon Attie (Américain, né en 1957) a créé le film The Crossing (La traversée) en 2017 qui consiste d’une série des tableaux lents de sept Syriens jouant un conte métaphorique basé sur leurs expériences individuelles d’exil et de fuite. Réfugié politique au début des années 2000, Hiwa K (Irakien né en 1975) a fait recours à son expérience personnelle pour créer A View From Above (Vue d’en haut) en 2017. Le film Divided (Divisés) (2018) de Tomas Van Houtryve (Belge, né en 1975) fait une étude sur les murs et les barrières le long des frontières litigieuses, comme celle des États-Unis avec le Mexique.

Les œuvres représentées dans cette exposition nous révèlent des histoires inédites de la migration mondiale tout en offrant un cadre visuel alternatif pour rendre compte de la complexité de la crise. Plutôt que de rester avec des images simplistes de victimes anonymes, les artistes présentés dans Stateless tentent d’illustrer ce que signifie quitter – et perdre – son pays d’origine, et de le décrire comme une expérience tout à fait spécifique, et donc très variée. En faisant ressortir ces récits, ils révèlent des contradictions importantes : la reconnaissance simultanée du lieu et de l’absence du lieu, les révélations du passé traumatique à côté des chemins de l’espoir. Bien que les luttes personnelles de chaque individu reflètent des grandes questions systémiques, la migration elle-même apparaît comme une expérience beaucoup plus vaste et toujours très personnelle. Il est évident que la crise migratoire mondiale, ainsi que les personnes les plus touchées par celle-ci, ne peut finalement pas être représentée par une seule image.