SOUS LA TERRE LA VERITE

Guatemala, un génocide ignoré


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« Je t’en prie, emporte mes paroles pour que le monde sache ce que nous avons vécu, ce que nous avons souffert… Et j’espère que mon témoignage sera entendu… »
Tout comme doña Catarina, d’origine maya-ixil, des dizaines de victimes avec qui j’ai eu l’opportunité de partager le quotidien depuis plusieurs années, m’ont exprimé la même requête : emporte mes paroles. Extraire cette souffrance, enfouie en soi depuis plus de vingt ans, ajouté à l’espoir de faire connaître leur histoire au monde, leur permet de donner un sens à leur malheur.
Je n’en peux plus,
que de douleur dans mon coeur lorsque je parle de cela,
que de douleur lorsque les mots sortent du plus profond de mon être.
Témoigner n’est pas facile car cela suppose de se confronter une nouvelle fois à une réalité qui les a laissés psychologiquement détruits. Mais c’est néanmoins une réponse à ce silence forcé et finalement un devoir moral que de vouloir faire partager cette histoire aussi épouvantable que méconnue et ce, malgré les menaces, la méfiance, la peur, la honte ou ce sentiment de culpabilité « d’avoir survécu ».
Les mayas, invisibles aux yeux des élites durant cinq siècles, se font aujourd’hui de plus en plus voir et entendre et oblige le pays à effectuer un travail de mémoire sur un conflit de trente-cinq années (1961-1996). Plus de 200 000 morts, 45 000 disparus, 667 massacres, 430 villages rayés de la carte, 150 000 réfugiés, un million et demi de déplacés, plus de 83% des victimes étaient mayas et 94% des massacres ont été commis par l’armée. Derrière ces chiffres épouvantables il y a des visages avec des noms et des prénoms qui ne pourront jamais être effacés de la mémoire des survivants.
Derrière ces chiffres épouvantables il y a des visages avec des noms et des prénoms qui ne pourront jamais être effacés de la mémoire des survivants.
Cette histoire ignorée est aujourd’hui mise à jour grâce au travail des équipes d’anthropologues légistes. Elles procèdent à des exhumations un peu partout dans le pays à la recherche de ceux qui ne furent longtemps que des “disparus”. Des squelettes d’hommes, de femmes et d’enfants massacrés il y a plus de vingt ans, dont on retrouve maintenant les dépouilles enterrées dans des fosses communes, viennent nous raconter la vérité sur les atrocités vécues durant ces années de violence, car dorénavant les corps de nos défunts nous parlent et nous racontent…

 

 

Photographies Miquel DEWEVER-PLANA

Sponsor : Amnesty International

Du 12/09/2006 au 04/11/2006
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix
75004 Paris
France

Horaires : Du mardi au samedi, de 13.30 à 18.30 heures
Téléphone : 01 42 74 26 36
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