Pour notre 5ème édition de l’exposition « Photojournalistes », nous présentons comme chaque année des photographies de reportage. Des images du 11 Septembre de Mark Seliger ou de Larry Towell, au portrait de Che Guevarra par Korda, en passant par les animaux de Vincent Munier, nous essayons d’ouvrir le public à ce type de photographies, fortes, parfois dures mais qui témoignent de notre monde.
Comme toujours, nous présentons aussi de nouveaux tirages des photographes dont nous suivons le travail avec passion : Paolo Pellegrin, Kathryn Cook, Sebastian Liste, Steve McCurry…
Mais cette année il me semblait important de mettre en avant le travail extraordinaire, et d’une grande puissance de Stephanie Sinclair, sur les mariages forcés de petites filles dans le monde.
Lauréate des plus grands prix de photojournalisme (World Press, Visa d’Or à Perpignan en 2012), cette série est tout simplement inoubliable : selon la photographe, 60 millions de jeunes et très jeunes filles sont aujourd’hui prises au piège de ces mariages d’un autre temps.
Vu d’ici, ce sujet est presque difficile à croire et à peine supportable, tant nous nous sentons inutiles et d’une autre vie…mais pour la plupart des familles de ces pays, l’Inde, l’Afghanistan, l’Ethiopie et tant d’autres, les filles sont souvent considérées comme des fardeaux, et leur mariage rapporte argent et alliance entre familles…
Ces enfants perdent ainsi leur innocence, leur virginité (parfois dès 5 ans !), l’accès à l’éducation, et parfois jusqu’à leur vie, victimes de maris violents et d’un système où la femme n’existe qu’en tant que « bonne épouse ».
Je trouve essentiel de montrer ces images au public, de pouvoir raconter ces histoires ; et si, par l’information nous pouvons aider ces enfants, et soutenir cette photographe, alors cette démarche n’aura pas été vaine.