Depuis plus de dix ans, le photographe Olivier Jobard (Agence MYOP) – prix AFD 2016 – chemine en compagnie des migrants, ces nouveaux damnés de la terre. Sur ces sentiers de poussière, de souffrance et de désillusions qu’empruntent ceux qui n’ont plus pour boussole que l’espoir d’ailleurs plus fraternels, il a partagé le sort de réfugiés afghans, somaliens, syriens, kosovars fuyant les guerres, la misère.Il nous montre en images, sans artifices ni effets esthétiques déplacés, la longue et périlleuse marche d’hommes, de femmes, d’enfants fuyant la misère dans la poussière du désert africain, sur les pistes caillouteuses de l’Afghanistan, sur les rives de la Méditerranée à bord d’embarcations précaires menaçant à tout moment de chavirer.Mais ce ne sont pas seulement des photos que nous présente « L’Odyssée de l’Errance » à l’Arsenal de Metz, dans une scénographie inventive et puissante conçue par Alain Mingam, commissaire de l’exposition. Ce sont tout autant des histoires, des récits touchants, à hauteur d’homme, que nous sommes conviés à parcourir, mais aussi à partager. Certains tirages monumentaux placés aux endroits clé de l’exposition rythment les séquences, happent littéralement le visiteur, le plongent physiquement au cœur de cette odyssée anonyme et multiple toujours cadrée à bonne distance, au plus près du souffle de la vie, de l’espoir.En écho, la projection des films documentaires réalisés par Claire Billet aux côtés d’Olivier – comme le magistral « Comme une pluie de parfum » – témoigne de la complicité artistique et militante de ce couple à l’écoute des battements du monde, de ses souffrances mais aussi de son humanité, de sa fragile beauté. Tous deux déploient en images un regard aimant et vigilant sur des êtres démunis, des destins tragiquement chahutés par les soubresauts de notre histoire commune et prêts à basculer à tout instant entre effroi et espérance.For over a decade, the photographer Olivier Jobard (MYOP Agency), winner of the 2016 AFD (Agence France Développement) Photography Prize, has traveled in the company of migrants, the new wretched of the Earth. On dusty roads and seas, paved with suffering and disillusion, treaded by those who have hope as their only guide, Jobard has shared the lot of Afghan, Somali, Syrian, and Kosovar refugees, fleeing war and misery, and yet united by brotherly bonds.Without pretense or needless aesthetic effects, he uses photographs to depict the long and perilous trek of men, women, and children escaping destitution across the sands of the African desert, along the gravel roads of Afghanistan, or yet sailing between the shores of the Mediterranean on fragile crafts threatening to capsize at any moment.