LIBAN RÉALITÉS & FICTIONS

BIENNALE DES PHOTOGRAPHES DU MONDE ARABE CONTEMPORAIN


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Les années de guerre civile au Liban (1975-1990) ont profondément marqué les photographes. Le besoin d’entretenir la mémoire d’un patrimoine architectural perdu et de montrer les stigmates du conflit semblait au cœur de leurs préoccupations artistiques. Certains travaux actuels en conservent la mémoire mais une nouvelle génération s’est détachée de cette voie pour aborder des thématiques inédites. Créateurs reconnus, ou encore peu montrés en France, ces photographes participent d’une effervescence artistique qui transparaît au fil du parcours de l’exposition.

 »Si la plupart des artistes réunis dans cette exposition sont libanais, certains ont décidé de vivre ailleurs (Nadim Asfar) tout en continuant de produire des œuvres dans et sur leur pays. Quelques-uns sont des  »étrangers » de passage (le grec Demitris Koilalous a tenu un journal de voyage) et ont donné du Liban une vision empreinte de leur propre culture ; d’autres encore ont choisi de venir s’y installer (Ieva Saudargaitė Douaihi). […] Ainsi que le mentionne Vicky Mokbel, un besoin de s’exprimer, une effervescence artistique émergent de la situation dans laquelle se trouve ce pays : fragile et instable, ne parvenant pas à trouver un équilibre, ni même une véritable indépendance. […] L’envie qu’éprouvent de jeunes artistes de témoigner des irréparables conséquences sur le plan humain des conflits que le Liban a connus dans le passé est toujours là, quand ce ne sont pas des traces encore visibles sur les façades des immeubles. Plusieurs travaux perpétuent de diverses manières cette tradition mémorielle et disent également le nécessaire engagement de l’artiste : le thème des disparus habite les photographies de Dalia Khamissy, tandis que la présence de la  »chose » militaire, en ville comme au quotidien, hante les femmes dont Lamia Maria Abillama a réalisé le portrait.

Les guerres et les tensions sont aux portes du Liban : Omar Imam l’exprime dans un travail original de mise en scène impliquant des réfugiés syriens. Le sentiment d’être partagé entre deux pays est illustré par Tanya Traboulsi avec ses diptyques qui font dialoguer des photographies de l’Autriche et du Liban. Celui de l’exil transparaît dans les vues du Mont Ararat retrouvées par Gilbert Hage sur les murs des appartements de la communauté arménienne de Beyrouth. Quant au désordre du paysage urbain, il semble fasciner Ieva Saudargaitė Douhaihi dont les images composent une étonnante symphonie de formes et matières, au-delà même de la représentation du bâti qui l’intéresse de par sa formation d’architecte. Vicky Mokbel prend l’immeuble de l’Électricité du Liban à Beyrouth comme symbole de l’état déplorable dans lequel se trouve aujourd’hui le pays. Ce qui n’empêche pas Vladimir Antaki de dire son amour pour cette ville à travers une répétition de fragments d’architectures qu’il transforme en motifs géométriques abstraits. » – extrait du texte de Garbiel Bauret, commissaire général de la Biennale

Cette diversité de motifs et d’approches, ce dialogue des sensibilités nourrit l’esprit de l’exposition de l’IMA qui réunit 18 artistes.

L’exposition s’articule en deux temps : une première séquence, à caractère documentaire, est en prise avec la réalité géographique, urbaine et sociale, l’histoire, le travail de mémoire, le mélange des communautés, l’exil. La seconde, échappant aux contraintes du réalisme, réunit des artistes qui nous entraînent dans d’autres paysages, rêvés ou inventés, exprimant la quête d’un ailleurs, le désir d’évasion : ces travaux abordent le registre de la fiction, cultivent l’imaginaire, développant des formes telles que le photomontage ou le collage numérique.

À l’occasion de cette troisième édition, l’IMA a choisi de mettre la scène libanaise contemporaine à l’honneur avec des oeuvres pour la plupart réalisées au cours des années 2010.

Photographies COLLECTIF

Du 11/09/2019 au 24/11/2019
INSTITUT DU MONDE ARABE
1 rue des Fossés-Saint-Bernard
75005 PARIS
France

Horaires : Du mardi au vendredi de 10h à 18h, le samedi et le dimanche de 10h à 19h
Téléphone : 01 40 51 38 38
www.biennalephotomondearabe.com