LES PHOTAUMNALES 2019

FOOD, CTRL-X - A TOPOGRAPHY OF E-WASTE - GOLD RIVERS . TALES FROM THE LAND IN BETWEEN

Henk WILDSCHUT


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FOOD
Photographies de Henk WILDSCHUT

Peu de sujets suscitent des débats aussi animés que celui de l’alimentation. Ces débats sont de plus en plus marqués par une certaine suspicion et un certain pessimisme quant à la façon dont nos aliments sont produits. Il y a deux ans, quand le Rijksmuseum d’Amsterdam m’a demandé de me pencher sur la question de l’alimentation, j’avais de nombreux préjugés concernant l’industrie alimentaire. Je la considérais comme malhonnête, malsaine et ayant une éthique contestable. Elle contribuait également selon moi au déclin de notre planète, contrairement aux bonnes vieilles méthodes utilisées par le passé et je pensais que le  »bio », un mot magique, allait tout résoudre.

Quand je me suis lancé dans ce projet, j’ai donc immédiatement décidé de faire une fois pour toutes la lumière sur les malentendus liés à l’alimentation. (…) J’ai rapidement découvert que les pressions économiques et les législations relatives à la santé publique, l’environnement et le bien-être animal dictent la façon dont travaillent bon nombre d’entreprises de pointe dans ce secteur. Pour survivre, elles doivent abandonner les processus de production traditionnels pour des méthodes industrielles dont les maîtres-mots sont efficacité et expansion. Ceci est vrai également de l’agriculture biologique. Ajoutons aussi à cela le fait qu’aujourd’hui, au moindre faux pas, les producteurs sont soumis au jugement sans pitié des organismes d’inspection et des consommateurs. Après deux années de recherche où j’ai pris de nombreux clichés, j’ai réalisé que le discours sur l’agroalimentaire peut être affiné indéfiniment et que cela nous permet bien souvent d’examiner ses supposés avantages ou inconvénients sous un nouveau jour. L’augmentation de la production peut par exemple véritablement améliorer le bien-être animal et l’agriculture biologique n’est pas forcément meilleure pour l’environnement. Une approche trop unilatérale du sujet de l’alimentation constitue donc souvent un obstacle à l’invention de véritables solutions. Ce sujet est tout simplement trop vaste et complexe pour le résumer en une simple phrase ou le décrire de façon manichéenne.


CTRL-X, A TOPOGRAPHY OF E-WASTE
Photographies de Kai LOFFELBEIN

Kai Löffelbein a suivi les chemins des déchets électroniques depuis l’Europe et les États-Unis jusqu’au paysage post-apocalyptique d’Agbogbloshie au Ghana, à la ville de Guiyu en Chine pour les déchets électroniques et aux ateliers des cours arrières de New Delhi.

Il documente méticuleusement les conditions épouvantables dans lesquelles des travailleurs, parfois même des enfants, tentent de récupérer les matières premières précieuses contenues dans nos déchets électroniques, des déchets exportés illégalement d’Occident afin d’éviter un coûteux recyclage.

Dans ces images sombres, on peut deviner les vagues contours d’hommes aux pieds nus, posant des moniteurs sur leurs têtes, marchant sur un tapis de cendres et de déchets en combustion. Nous observons les yeux fatigués des femmes qui chauffent des circuits imprimés sur des brûleurs à gaz, leurs visages à peine couverts de morceaux de tissu. Nous découvrons la beauté étrange et troublante de la nappe de produits chimiques exhalant du vert toxique, du rose et du turquoise.

Nous voyons des mains et des bras couverts de cicatrices, immergés jusqu’aux aisselles dans un magma acide empoisonné, des enfants accroupis, utilisant des pierres pour fracasser des écrans. Voilà comment les vestiges jadis précieux de notre ère informatique moderne sont démantelés avec les outils les plus rudimentaires. Voilà à quel point nos déchets causent d’immenses dommages écologiques, et menacent la santé de nombreux hommes, femmes et enfants.


GOLD RIVERS – TALES FROM THE LAND IN BETWEEN
Photographies de Mathias DEPARDON

La sécheresse que connaît l’Irak en 2018 est la plus sévère que le pays ait connu depuis 1930. C’est une deuxième mort que redoutent les Marais de Mésopotamie – vaste étendue marécageuse, campée au confluent du Tigre et de l’Euphrate – unique richesse de cette région, berceau des anciennes civilisations sumériennes et assyriennes.

En 1991, Saddam Hussein les avait condamné à l’assèchement en construisant des digues, pour chasser les rebelles chiites qui s’y étaient retranchés. La région s’était alors rapidement vidée de sa population. Après la chute du dictateur irakien, les habitants ont détruit les barrages et libéré les eaux.

En 2016, les marécages sont alors placés sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. À ce jour la surface inondée des Marais irakiens n’a jamais été aussi réduite. Avant 1990, elle atteignait jusqu’à 13 000 km2 contre à peine 1 600 km2 aujourd’hui. La mauvaise gestion des ressources par le gouvernement central irakien et la construction de plusieurs barrages en amont (GAP Project) en Turquie, ont largement affaibli les fleuves de la Mésopotamie.

L’agriculture traditionnelle de cette région, longtemps considérée comme le  »jardin d’Eden de l’Irak », subit de plein fouet l’impact de la salinisation. Sa biosphère unique, sa culture ancestrale et son équilibre économique, qui repose sur la pêche, l’élevage de buffles et la coupe du roseau, se trouvent de nouveau en danger de disparition. Seule une solution concertée entre les pays riverains du Tigre et de l’Euphrate pourra éviter la disparition des Marais de Mésopotamie et une catastrophe écologique de grande ampleur. Dans le cas contraire, de l’assèchement rapide du Sud de l’Irak pourrait naître le prochain conflit.

Photographies Henk WILDSCHUT, Kai LOFFELBEIN, Mathias DEPARDON

Du 21/09/2019 au 05/01/2020
Le Quadritalère
22 rue Saint-Pierre
60000 BEAUVAIS
France

Horaires : Du mardi au vendredi de 12h à 18h, le samedi et le dimanche de 10h à 18h
Téléphone : 03 44 15 67 00
info@diaphane.org
www.photaumnales.fr