LES OUBLIES DU PIPELINE

Azerbaïdjan, Géorgie, Turquie, 2006


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Azerbaïdjan, Géorgie, Turquie, 2006
Communautés de réfugiés et de déplacés le long du pipeline BTC ( Bakou – Tbilissi – Ceyhan ) dans le Sud Caucase et le Sud-est de la Turquie.
L’échec de l’Union Soviétique au début des années 90 sonnera le début d’une nouvelle ruée vers l’or noir dans le Caucase, celle des réserves pétrolifères et gazières de la Caspienne – peu exploitées jusqu’alors par l’URSS – et qui allaient potentiellement redevenir accessibles à l’Ouest. Avec le « contrat du siècle » signé par les compagnies pétrolières anglo-saxonnes menées par BP et l’Azerbaïdjan au milieu des années 90, et l’inauguration au printemps 2006 du pipeline BTC ( Bakou – Tbilissi – Ceyhan ), la partie semble déjà jouée et en voie d’être remportée par l’Europe et les États-unis. Long de 1,760 km, le BTC est le deuxième oléoduc au monde. Il acheminera au rythme d’un million de barils par jour les réserves de brut de la Caspienne vers les ports de la Méditerranée en traversant l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie. Ce nouveau tuyau sera alimenté pendant 30 ans par les gisements offshores azéris exploités par BP. Le partage des profits de ce contrat d’exploitation fera de l’Azerbaïdjan le pays le plus riche du Sud Caucase. Le pipeline permettra à la Géorgie de tenter de s’affranchir un peu plus de son voisin russe et fera de la Turquie une plateforme incontournable d’export de ressources énergétiques. Il est surtout un moyen pour l’Europe et les États-unis de s’affranchir de l’intermédiation russe.
Mais pendant que l’or noir s’écoule sous les villages et les routes du Sud Caucase et de la Turquie, toute une frange de la population tente de survivre sur les ruines des multiples guerres ethniques et indépendantistes des années 90, déclenchées par l’éclatement du « ciment » soviétique. Abkhazie, Ossétie, Haut-Karabagh, autant de territoires non reconnus, autant de conflits qui jetteront plusieurs millions de déplacés sur la route en quelques mois. Aujourd’hui ils sont environ 600.000 déplacés du Haut-Karabagh,
250.000 réfugiés d’Abkhazie et d’Ossétie qui hantent toujours des trains de marchandises, des immeubles insalubres, des hôtels à l’abandon, plus de 14 ans après la fin de ces conflits. Tous vivent à quelques encablures du tracé du pipeline et regardent impuissants la marche du monde s’opérer sous leurs yeux. En Turquie, près de 6.000 villages seront vidés et/ou rasés pendant le conflit entre l’armée turque et les rebelles du PKK entre 1984 et 1999 dans le sud est turc, provoquant un exode rurale sans précédent vers la capitale de la région, Diyarbakir. Plusieurs générations de paysans et leurs descendants tentent de survivre et de s’adapter à la vie urbaine. Ceux qui n’y arrivent pas reviennent habiter les villages en ruines.
Or noir en transit et désastre social se côtoient le long du nouveau tuyau. Reportage réalisé en 2006 le long de l’itinéraire du pipeline à travers l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie afin de dresser un état des lieux social de ces « oubliés du pipeline ».

Photographies Grégoire ELOY

Du 25/09/2007 au 17/11/2007
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix
75004 Paris
France

Horaires : Du mardi au samedi, de 14h à 18h30
Téléphone : +33 (0)1 42 74 26 36
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