LES ENFANTS FICHUS


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L’idée de réaliser la série “Les enfants fichus” ayant la forme d’un abécédaire est venue à la lecture du livre The Gashlycrumb Tinies de l’illustrateur américain Edward Gorey (1925-2000).
A l’instar de la démarche de Gorey, Coralie Salaün a créé un abécédaire avec 26 prénoms ayant un caractère prédestiné, parfois mythologique : Azazel, Cassandre, Judas, Harmonie, Orphée, Prudence, Ulysse, Victoire… en les attribuant à un enfant.
Elle accompagne ces prénoms de petites phrases narratives, en rimes : Azazel dépareillé de ses propres ailes, Eve fauchée en plein rêve, Judas fait comme un rat, Orphée envolé en fumée, Victoire broyée dans la nuit noire…
Elle a ensuite réalisé une photographie pour chaque enfant, par une mise en scène soignée, en passant au préalable par une étape dessinée.
Dans ces mises en scène photographiques, les enfants sont mis en lumière dans une posture digne, rigide. Ils sont immobiles et visiblement “en danger”, en proie à une tragédie imminente.
Dans ces univers nocturnes terrifiants, Coralie Salaün a voulu capter la vision de l’enfant, sa vulnérabilité, son isolement, et regarder de son point de vue, en se plaçant à sa hauteur.
La nuit renforce cette impression de tension et de danger mais aussi la fébrilité de l’enfant.
Les accessoires et décors utilisés (araignée, serpents, rats, barbelés, train, ombres, brouillard, fantômes…) deviennent une matérialisation des adultes, et plus précisément ici, des parents. Un axe de recherche essentiel : la non-violence éducative
Dans sa forme, cette série implique un va et vient des regards des spectateurs entre l’enfant et le danger, ou entre les phrases et les photographies, et interroge ainsi sur la propension au rêve, sur la frontière, la distorsion qui existe entre réalité et rêve et la dissociation de l’être qu’elle peut entraîner.
Cette frontière est omniprésente dans le travail photographique de Coralie Salaün.
A travers ce projet, la photographe souhaite mettre en lumière ce qui s’évaporent de ces instants où, enfant, on se sent perdu dans des moments de solitude extrême, d’injustice profonde et où seul le rêve et la poésie permettent de rester vivant, de sauver ses droits bafoués, de conserver son intimité, sa valeur profonde, son intégrité, son élan vital.
Parallèlement à la réalisation des photographies, Coralie Salaün a mené une correspondance avec des acteurs engagés dans la non-violence éducative.
L’idée était d’aller à la rencontre de personnes qui combattent l’ignorance dans ce domaine, en offrant une porte de sortie à ces enfants, de les sortir de l’ombre, de leur rendre une dignité.
A travers l’espoir, soutenu par ces personnalités, que cette violence soit amenée à disparaitre, des psychanalystes, cinéastes, écrivains, magistrats et artistes ont adressé ces lettres à l’attention des “enfants fichus”. 
Photographies Coralie SALAÜN

Du 21/04/2016 au 21/05/2016
GALERIE LE CARRE D'ART
Centre Culturel Pôle Sud

B.P. 37604 – 1 rue de la Conterie
35131 CHARTRES DE BRETAGNE
France

Horaires : Mardi, jeudi et vendredi de 14h à 18h30 - Mercredi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30 - Samedi de 10h à 12h30
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