Cette exposition présente une trentaine de photographies argentiques en noir et blanc, extraites d’un important travail, Les silences de la terre, réalisé pendant plus de dix ans sur la côte nord du Finistère. Photographier les paysans, ce peuple en voie de disparition sociologique, est devenu au fil du temps une urgence car très bientôt ils ne seront plus là. Agés et solitaires, sans héritier pour perpétuer leur mode de vie, ils ne peuvent transmettre leur expérience à une génération nouvelle. Ils vivent dans la ferme familiale créée et façonnée par leurs aïeux, là où ils sont nés, ce ventre de granit fécond en plusieurs générations de laborieux travailleurs. Un lieu de chaleur et de repos mais aussi de repli sur soi et d’enfermement. J’ai appris, à force de respect et de persévérance, à mieux connaître ces hommes vrais et sincères, libérés de l’illusion des apparences, qui ne connaissent pas le monde du culte de l’image, de l’ego et de l’autosatisfaction.
Ils se présentent devant le présent comme devant le passé, devant l’appareil photographique comme devant le labeur quotidien, avec sérieux et honnêteté. Mon sujet n’est pas que le paysan mais il est aussi la ruralité, le célibat, la solitude. Michèle Le Braz