LE MONDE EN FACE


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Si nous connaissons Gilles Favier comme le directeur artistique d’ImageSingulières, nous connaissons moins son travail personnel.
Gilles Favier est avant tout un photographe, humaniste et politique au sens large du terme.
ImageSingulières prenant de nouvelles directions, j’ai souhaité dédier la dernière exposition de l’année à mieux faire connaître son travail photographique.
Membre de l’Agence VU’ pendant 30 ans, fidèle du journal Libération, il accomplit un travail de documentariste qui nous amène à porter sur la société un regard différent, à nous réinterroger. Ses photographies saisissent avec empathie des tranches de vie qui ne nous sont pas si étrangères, parfois même familières.
Nourrit aux images de Diane Arbus, Gilles Favier photographie celles et ceux qui ont, en partie, construit la France d’aujourd’hui. Des Français qui malgré la crise restent fiers de leurs valeurs républicaines et prêts à les défendre. Mais pas seulement. Il s’intéresse plus largement à ces hommes et ces femmes qui appartiennent à la classe populaire, et bien au-delà de l’hexagone.
Pour cette rétrospective, nous montrerons notamment ses travaux sur le conflit nord-irlandais à Belfast, les à-côtés du tournage de La Haine, sa vision intime de Valparaiso, les quartiers nord de Marseille, les traces du monde ouvrier à Saint-Etienne, la route des esclaves, sur les traces de Pierre Verger entre le Bénin et Bahia, et sa série One Star Hôtel.
Gilles Favier revendique sa fonction de photographe documentaire, de témoin, analyste et complice, et affirme la nécessité d’une forme photographique, non spectaculaire, pour rendre compte.

Valérie Laquittant, directrice d’ImageSingulières

 

BIOGRAPHIE

Gilles Favier est un photographe français né en 1955 à Roanne.
En 1981, il rencontre Christian Caujolle qui vient de créer le service photo de Libération. Commence alors une collaboration qui ne s’est jamais interrompue avec le quotidien. Il a été membre de l’Agence VU’ de 1987 à 2016 et enseigne à l’ETPA Toulouse depuis 1990.
Son implication dans l’information et ses relations avec la presse quotidienne ne l’ont jamais empêché de développer des projets personnels qui sont tous liés à son engagement, à sa volonté d’analyser, de questionner, de mettre en doute le monde contemporain. Ce qu’il aime dans l’art de la photographie, c’est de ne pas être toujours sous contrôle et de laisser la part au hasard.
Il a quitté Paris et vit désormais dans le sud de la France. Gilles Favier est fondateur et directeur artistique d’ImageSingulières à Sète depuis 2009.

 

Ils vivent à Marseille, ou au Bénin, à Belfast, à Saint-Etienne, à Valparaiso ou en banlieue parisienne et ils nous regardent.
Eux, hommes, femmes ou enfants, ce sont des personnages que Gilles Favier a rencontrés au cours de ses divers projets.
S’il a décidé de les regrouper c’est qu’ils ont été des éléments clé de son exploration de groupes sociaux ou de situations sur lesquels il a choisi de mener ses enquêtes visuelles qui révèlent un état du monde d’aujourd’hui. C’est également parce qu’après avoir terminé son travail, il a continué à entretenir des relations, amicales la plupart du temps, et qu’il les a considérées comme une sorte de famille née du travail.
Tous ces gens qui nous regardent dans l’approche frontale que Gilles Favier affectionne ne se connaissent pas. Et pourtant, au-delà de leur situation propre (chômeurs en Europe, habitants des quartiers d’immigrés) ils existent comme un groupe cohérent. Ou, plus exactement, le regard porté sur eux assure la cohérence entre ces visages si divers.
Ce regard sans maniérisme est d’abord un regard de respect, une mise en évidence de ce qu’il y a d’humain et de digne dans chacun de ceux que le photographe fixe, confrontant son point de vue au leur pour cet étrange exercice du portrait qui se résume en un face à face, en une tension, en un échange. Car, dans ces portraits apparemment si simples il y a véritablement échange.
Il existe des photographes qui aiment plier leurs « modèles » à une forme pré-établie. Gilles Favier, lui, cherche à transformer l’inévitable affrontement des regards auquel obéit le genre en une manière de partage.
En un instant de dévoilement où chacun retrouvera son compte parce que le respect est évident entre deux individus. Alors, et seulement alors, il est possible que nous, qui ne connaissons aucun des personnages qui nous regardent droit dans les yeux, les regardions également sans nous transformer en voyeurs.
Cette preuve d’humanité est également une reconnaissance, une façon de dire merci à ceux qui ont accepté la confrontation et le risque de se voir représentés tels qu’ils ne s’imaginaient pas. La démarche, alors que les photographes sont souvent prédateurs est suffisamment rare pour que Gilles Favier en soit remercié.

Christian Caujolle

 

Le mot est si galvaudé qu’on hésite à l’employer, et pourtant Gilles est un grand photographe et un grand humaniste. Il ne s’agit pas d’un humanisme grandiloquent et affecté, mais d’une attention à l’individu, homme ou femme, avec qui il partage un moment de vie. Une approche qui évoque «O Brother where art thou ?», des frères Cohen, ou encore «Down by law», de Jarmusch :
L’Histoire, chez Gilles, c’est une somme d’histoires individuelles, «des histoires d’hommes, et de mélancolie», comme disait Léo. Il n’est pas étonnant que Gilles Favier s’intéresse aux situations marginales, à la frange. C’est là qu’il trouve des auteurs interprètes aux partitions «originales»… Photographiquement, Gilles se situe dans la lignée de Diane Arbus : Moyen format – pour que le photographe et le sujet soient bien conscients de l’acte qui se joue là, cadrage «évident» et logiquement centré. Il travaille généralement en noir et blanc.
L’intégrité de sa relation au sujet transparait dans la vision de ses photographies : Ces hommes et ces femmes ne sont pas de la pâte à photo.
La meilleure preuve est donnée par la réponse de Gilles à la question:
– «Comment gères tu les problèmes de droit à l’image ? Fais-tu signer des autorisations ?»
– «Non, j’ai leur numéro de téléphone et je les contacte directement en cas de besoin».

Serge Gal

 

Gilles Favier est un photographe paradoxal : on arrive toujours à le retrouver là où on ne l’attend pas.
Dès le début, son regard s’est porté vers l’autre, et particulièrement sur ceux qui appartiennent aux classes dites populaires. Ses photographies en saisissent la culture, les codes, les gueules, avec empathie […].
Son tout premier sujet fut Jeannette Mac Donald, une artiste de cirque, célèbre dompteuse qui vécut dans le Tarn avec ses fauves et finit dans la misère. Suivront plusieurs reportages sur les ouvriers, les cités, les majorettes, les Français… Ceux qui, en partie, ont construit la France d’aujourd’hui. Favier a ainsi choisi Sète comme port d’attache et la joute sétoise comme sujet photographique, une parabole à la Cervantes qui lui ressemble tant.

Jacques Sierpinski

 

LES RENDEZ-VOUS AU CENTRE PHOTOGRAPHIQUE DOCUMENTAIRE

VERNISSAGE & SIGNATURES DE LIVRES
« LE MONDE EN FACE » DE GILLES FAVIER
JEUDI 14 SEPTEMBRE 2023 / 18H30
En présence du photographe

VISITE COMMENTÉE – JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
PAROLES DE PHOTOGRAPHE
SAMEDI 16 SEPTEMBRE 2023 / 15H
Gilles Favier vous présente son exposition « Le monde en face » à travers une
visite commentée.
Tout public / Gratuit

ATELIER COLLAGE ENFANT – JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
« MAJORETTE FOR EVER »
SAMEDI 16 SEPTEMBRE 2023 / 16H-17H
ImageSingulières vous propose un atelier collage pour imaginer ensemble le
champ des possibles photographiques et créer de nouvelles images à partir de
l’exposition « Le monde en face » de Gilles Favier.
Dès 5 ans / 5€ par participant
Sur réservation : vauquet@imagesingulieres.com / 04 67 18 27 54

VISITE COMMENTÉE – JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
PAROLES DE MÉDIATEUR
DIMANCHE 17 SEPTEMBRE 2023 / 15H
L’équipe de médiation du Centre photographique vous présente L’exposition « Le
monde en face » de Gilles Favier à travers une visite commentée.
Tout public / Gratuit

BROCANTE – JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
LES PUCES D’IMAGESINGULIÈRES #2
SAMEDI 16 & DIMANCHE 17 SEPTEMBRE 2023 / 14H-18H
ImageSingulières fait du tri dans ses placards. Venez chiner livres, affiches,
objets en tout genre, matériel électronique, étagères, vaisselle ou encore petit
électroménager au Centre photo. Petits prix garantis !

 


 

Photographies Gilles FAVIER

Du 15/09/2023 au 23/12/2023
CENTRE PHOTOGRAPHIQUE DOCUMENTAIRE
17 rue Lacan
34200 Sète
France

Horaires : Du mercredi au dimanche de 14h à 18h ; Fermé les jours fériés et hors expositions
Téléphone : +33 4 67 18 27 54
info@imagesingulieres.com
IMAGESINGULIERES.COM