Dans une péninsule isolée, au bout de la ville de New York, vit une communauté très unie de réprouvés sociaux qui, portant les stigmates des malades mentales et des turpitudes morales, se sont trouvés exilés dans un coin oublié du Queens connu comme étant « the last stop – Rockaway Park ».J’ai visité la communauté du Rockaway Park, le site de mon projet, de façon régulière et je l’ai fait depuis quatre ans. Pendant ce temps j’ai développé des liens profonds avec la communauté. Bien que ce soit à moins de vingt miles de Manhattan, Rockaway Park est un autre pays. C’est un lieu dont beaucoup d’hôpitaux psychiatriques et de maisons de repos se sont servis pendant des années comme dépotoir pour leurs patients indigents. Mes photographies révèlent une société de laissés pour compte. Contrairement à la plupart des comptes rendus sur la pauvreté des minorités urbaines, c’est aussi une histoire de la pauvreté blanche de NYC. Marginalisés et dysfonctionnels, beaucoup ont de sévères handicaps, et sont assaillis  par des maladies chroniques et des addictions. Ils habitent un monde crépusculaire brumeux de bars délabrés, de pensions, de chambres individuelles et de services sociaux usés qui chancellent jusqu’au dernier arrêt du métro de New York sur la lige A. Il y  a un profond sentiment de solitude là-bas. Les personnes dans mes images, dont j’ai pu faire la connaissance de beaucoup d’entre elles et avoir pour elles une grande affection, m’ont révélé quelque chose de la persévérance de l’esprit humain dans l’isolement et la décrépitude. Ici on peut encore trouver de l’amitié, des rires et même de l’amour. Juliana Beasley