LASHKARS


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Massimo Berruti est un homme de terrain. Le lauréat de la seconde édition du Prix Carmignac Gestion du photojournalisme n’a, certes, pas choisi un terrain d’investigation facile en partant trois mois dans les zones tribales, berceau du terrorisme mondial qui abrite les camps d’entraînement des Talibans et d’Al- Qaida. Pour perpétuer, comme il a décidé très jeune de le faire, avec courage et lucidité, la tradition du grand reportage, mise en péril par une grave crise de financement, il faut un caractère bien trempé, des nerfs d’acier.Son premier reportage au Pakistan, terre charnière déchirée par une spirale de violence meurtrière, date de 2008. Le jeune photographe, membre de l’agence VU’, a décidé de faire ses armes dans ce guêpier où convergent secousses et répliques des affrontements ethniques, politico-religieux, et des règlements de compte mafieux, où se jouent et se rejouent le lourd contentieux territorial entre le Pakistan et ses voisins indiens et afghans – hérité de l’Empire Britannique et de la ligne Durand de 1893 qui fracture toujours la région -, la protection des frontières russe, iranienne et chinoise, enfin, une part non négligeable de la sécurité intérieure américaine : la célèbre formule gaullienne qui résume laconiquement ce méli-mélo explosif à l’« Orient compliqué », prend ici tout son sens.
L’exposition de Massimo Berruti, « Lashkars », restitue tout le souffle du grand reportage à travers un accrochage traduisant fidèlement le courage de ces hommes et de ces garçons qui défient, heure par heure, jour et nuit, la peur constante d’un nouveau soulèvement des talibans. La sélection, qui comprend quatorze panoramiques, souligne les émotions des acteurs de ce drame à travers une grande diversité de cadrages, reflets d’autant de points de vue.
Massimo Berruti a privilégié les représentations dissociées de l’actualité évènementielle, au profit d’une approche humaniste qui entend rompre avec la vision occidentale du peuple pachtoune, souvent accusé d’être le vivier du terrorisme. A la différence du mode de production de la photographie d’actualité qui procède de l’urgence, le prisme du Prix Carmignac Gestion du photojournalisme privilégie une démarche conçue comme un art de la mémoire, qui s’inscrit dans la durée en accomplissant un devoir de présence dans des régions à haut risque.
Sans trace de cadavres ni atrocités visibles, la valeur des photographies de Massimo Berruti est de parvenir à saisir ces moments éphémères, qui marqueront l’histoire de leur empreinte.
Photographies Massimo BERRUTI

Du 03/11/2011 au 03/12/2011
LA CHAPELLE DES BEAUX-ARTS DE PARIS
Ecole nationale supérieure
Cabinet des dessins Jean Bonna

14 rue Bonaparte
75006 Paris
France

Horaires : Lun-ven 13h-18h
Téléphone : 01 47 03 50 00
www.ensba.fr