« La France de Raymond Depardon »


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36 photos qui résument six ans de voyage à travers le territoire français.
En 2004, le photographe s’est lancé dans un projet fou: il est parti sur les routes avec une chambre 20×25 pour photographier la France.
Résultat à la BNF, en images grand format.Première surprise, Raymond Depardon a vu la France en couleur. Celui qu’on voyait habituellement en noir et blanc dit qu’il a "rarement aimé photographier en couleurs". Mais son tour de France, il l’a commencé dans le Nord-Pas-de-Calais, à Berck-Plage. Et "je ne sais pas si c’est la lumière douce sans contraste, les couleurs criardes de ces cafés, en tout les cas ma décision était prise, j’optais à 100% pour la couleur", explique-t-il.

Et la France est très colorée. Depardon lui-même dit qu’il ne s’y attendait pas. Elle est par exemple très rouge, d’une mairie-école du Pas-de-Calais à un bar de Bédarieux ou au local du PCF du Vigan. Depardon s’est aussi régalé avec les bleus doux du littoral et de ses ciels.

Raymond Depardon a écarté la France des monuments et celle des campagnes, qu’il connaît trop et sur laquelle il a déjà beaucoup travaillé. Il a voulu montrer la France pas pittoresque, celle où on ne va pas. Celle dont on ne parle  "que lorsqu’il y survient un fait divers ou une catastrophe naturelle". Depardon ne voulait pas non plus travailler sur les Français. Pour lui, il y a déjà "énormément de documents" sur les Français. "Il y avait plus d’urgence à montrer cette France-là", celle des petites villes et des villages.

Le photographe est donc parti avec un camping car qu’il a arrêté sur les places des villages. Il y a installé sa chambre 20×25, un outil qui se remarque et qui oblige à prendre son temps: "Les gens venaient me  parler. Les jeunes surtout étaient fascinés par ce procédé." Pour Depardon, le format carré de la chambre ancre l’image "par rapport au sol et au ciel".

Depardon a beaucoup photographié les commerces. "J’ai senti que les boutiques étaient des lieux importants et forts", dit-il. Des bureaux de tabac, une boucherie-charcuterie ou un garage témoignent de la vie qui se maintient dans ces petits coins.

En six ans, le photographe a fait 3500 images. Il en a gardé 800, dont 280 sont publiées dans un livre, publié par la BNF et le Seuil, et 36 pour l’exposition. Elles sont exposées tout autour d’une pièce fermée. Le grand format, 1,60 x 2 m, donne l’impression d’être de plain pied dans les paysages, dans ces images d’une France que Depardon a parfois trouvée déprimante, au début de son périple. Le photographe termine son expérience sur une note plus optimiste: il sent que depuis six ans, "la désertification s’est ralentie", et il dit avoir vu "un territoire qui vit, qui bouge et qui veut vivre le mieux possible". « La France », by Raymond Depardon.

36 snapshot to sum up six years of travels on the French territory. In 2004, the photographer launched a mad enterprise: he hit the road with a 20×25 camera to photograph his country.  The outcome is at the BNF, large-framed.

First surprise: Raymond Depardon saw France in colours. He, who we usually saw black and white, says he “rarely liked taking pictures in colour.” But he started his “tour de France” in Berck-Plage, Nord-Pas –de-Calais, and explains: “I don’t know if it’s the soft, contrast free light, or the garish colours of those cafés, but my decision was made, I was 100% sure I wanted colour.”
And France is a very colourful country. Depardon himself says he was not expecting that. It is, for instance, very red – from a town hall/school In Nord-Pas-de-Calais to a pub in Bédarieux or a PCF headquarter in Le Vigan… Depardon also thoroughly enjoyed the soft, various blues of the coast and its skies.
Raymond Depardon willingly eluded the monuments and the countryside, which he knows too well and on which he’s worked a lot already. He wanted to show the non-scenic France, the one where no one ever goes. The one that is mentioned “only when a man-bites-dog incident or a natural catastrophe occurs.” Depardon also did not want to work about the French. According to him, there are already “loads of documents” about the French. “The urge was rather to show that France”, that is found in the little towns and villages.
The photographer left with a camping-car which he stopped on the villages’ central squares. There he settled down his 20×25 camera, an uncommon tool that forces you to take your time. “People would come talk to me. Youngsters especially, were fascinated by this process.” To Depardon, the square size of the camera fixes the image “between the ground and the sky”.
Depardon took a lot of pictures of the shops. “I felt the little shops were strongly important,” he says. Tobacconists, a butcher shop, or a garage witness the life that is going on in these parts.
In six years, the photographer created 3500 images. He kept 800 of them, 280 of which are published in a book, published by the BNF and Le Seuil, and picked up 36 others for the exhibition. They are exposed all along a enclosed room. The large scale (1,60x2m) makes the visitor feel like he’s jumping right into the scenes, into these images of a France that Depardon sometimes found depressing, at the beginning of his journey. However, the photographer ends up his experience on  a more optimistic note: after six years, he feels that the “desertification has slowed down”, and claims he’s seen “a living territory, one that moves and wants to live as well as possible.”

Photographies Raymond Depardon

Du 30/11/-0001 au 09/01/2011
BNF - site François Mitterrand
BNF - site François Mitterrand
75013 Paris
France

Horaires : Du mardi au samedi: 10h-19h; dimanche 13h-19h; Tarifs: 7€ / 5€