Je suis une tomate.


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Je suis une tomate.
Qui suis-je ? Il y a des questions sans réponses, mais quant à connaître la provenance d’une tomate que l’on vient d’acheter, si on le souhaite, c’est possible.
J’ai déchiré le morceau de carton où il y avait l’adresse des tomates et je me suis rendu à Rungis, tel un étranger avec un petit bout de papier qu’il ne sait pas lire. J’ai montré mon bout de carton à un chauffeur de camion, nous ne nous comprenions pas à cause de la langue, alors il a eu l’idée d’appeler son patron en Espagne qui, lui, parlait français. Affaire conclue, c’était parti pour Almeria. On m’a donc permis de satisfaire ma curiosité. Je n’avais pas beaucoup d’espoir sur la qualité de ces tomates qui ne pourrissent pas, ni sur les raisons qui les faisaient venir de si loin et je suis passé des invitations aux menaces lorsque j’ai voulu rencontrer les travailleurs. Rejetés des villes par des intimidations, on pourrait ne pas les voir, et pourtant ils sont plus de 20 000 à travailler et à vivre dans les 35 000 hectares de serres qui colonisent depuis vingt ans un ancien désert, « la mer de plastique ». Aujourd’hui, ils sont marocains, sans papiers, mais ils côtoient déjà une main d’œuvre venue des pays de l’Est avec des contrats de travail qui ne les épargnent pas de la précarité. Malgré un accord qui fixe le prix de journée à 36 €, les salaires versés sont de 20 € pour des journées de dix heures, soit 2 € de l’heure.
Ce travail est né de la volonté de faire réfléchir sur les conséquences de certaines attitudes de consommation, en suivant à rebours le parcours d’une tomate. Il s’agit là de montrer un exemple de délocalisation au sein de l’Europe. Un esclavage moderne que certains érigent en modèle économique.
I am a tomatoe.
Who am I ? There are questions that cannot be answered but if you wish to know the origin of the tomatoe you have just purchased, it is possible.
I teared the piece of cartboard where the origin of the tomatoes was written and I went to the food market of Rungis like a foreigner with a little piece of paper he cannot read. I showed my paper to a truck driver but we could not understand each other as we did not speak the same language, so he thought of calling his boss in Spain who spoke French : the tomatoes left for Almeria. I was allowed to satisfy my curiosity. I had no expectations on the quality of those tomatoes that do not rotten nor on the reasons why they came from so far away, and I went from invitations to threats when I wanted to meet the workers. As they are cast off from the cities , we could almost not see them but they are more than 20 000 working and living in 35 000 acres of a greenhouse that has been colonizing for the past twenty years an old desert called ‘the sea of plastic’. Today the workers are Morrocans, without papers, and they already can see the men coming from the east-country with work contracts, and that will not save them from precariousness. Although the agreement that sets the daily wage rate to 36 €, the workers earn 20 € for a ten hour day, that is 2 € per hour.
The idea through this photo essay is to make people think of the consequences of the behavior of the public consumption in an investigation that starts at the rear end of the journey of a tomatoe. It is all about showing an example of relocation within Europe. A modern enslavement that some people establish to be an economic model.  
Yo soy un tomate.
¿Quién soy yo? Hay ciertas preguntas que no tienen respuestas, pero si se trata se saber de dónde viene el tomate que venimos de comprar, eso si es posible.
De un cajón de tomates arranqué la dirección y fui al mercado de abasto (Rungis, en los alrededores de Paris) Mis investigaciones mes llevaron al origen de los tomates que había comprado: Almería – España. Luego de un contacto telefónico con el productor que acepto mi visita, partí hacia allá para satisfacer mi curiosidad pero sin muchas ilusiones sobre la calidad de estos tomates que no se pudren, ni las razones por las que vienen de tan lejos. Cuando manifesté el deseo de hablar con los trabajadores, el tono cambió completamente y de las invitaciones siguieron las amenazas.
Rechazados en las ciudades por intimidaciones, casi podría no vérselos y por lo tanto son más de 20.000 personas que trabajan y viven en las 35.000 hectáreas de invernaderos que han colonizado, desde hace veinte años una zona desértica llamada, “el mar de plástico”. En su mayoría marroquíes, sin documentos, codean ya la mano de obra barata que viene de los antiguos países del Este, con contratos de trabajo irrisorios que los mantienen en un estado de precariedad.
A pesar de un acuerdo que fija el precio de la jornada a 36€, los sueldos son de 20€ por día y cada día, diez horas de trabajo. Es decir, 2€ / hora.
Este reportaje nació con la idea de mostrar las consecuencias de ciertas actitudes de consumo, y un ejemplo de desplazamiento industrial en pleno espacio europeo. Una forma moderna de esclavitud que algunos promueven como modelo económico.
Photographies Emile LOREAUX

Sponsor : Association Chambre à Part

Du 16/03/2007 au 01/04/2007
Galerie La Chambre
27 rue Sainte Madeleine
67000 Strasbourg
France

Horaires : Les vendredi, samedi et dimanche de 15h à 19h
Téléphone : 08 79 36 14 04
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