ITINÉRAIRE D'UNE ENTRÉE DANS LA COURSE


This post is also available in: Anglais

Missionné par le Forum Vies Mobiles, le photographe Philémon Barbier a suivi dans son quotidien Azedine, livreur à vélo parisien venu de Tunisie et a retracé son parcours migratoire de Tunis à Paris. Fidèle à ses méthodes combinant arts et sciences sociales, le Forum Vies Mobiles a souhaité donner un visage à ceux qui exercent ce travail après avoir initié une étude qui montrait la dureté du métier, presque exclusivement occupé par des travailleurs sans papiers. Une contribution précieuse à l’heure des débats sur le projet de loi sur l’immigration.

L’avènement des plateformes de livraison de repas et leur utilisation exponentielle a fait naître un nouveau métier : celui des livreurs à vélo. Une figure à la fois familière et anonymisée par la fugacité des échanges entre clients, livreurs et restaurateurs. Fidèle à ses méthodes combinant arts et sciences sociales, le Forum Vies Mobiles a souhaité donner un visage à ceux qui exercent ce travail après avoir initié une étude qui montrait la dureté du métier, presque exclusivement occupé par des travailleurs sans papiers. Dans ce cadre, le photographe Philémon Barbier a décidé de suivre l’un d’entre eux, Azedine, Tunisien devenu livreur de repas en région parisienne. À la rapidité qui caractérise le quotidien des livreurs (injonction à rouler vite, à réaliser un maximum de livraisons), le photographe a décidé d’opposer le temps long de la migration en réalisant lui-même le parcours qu’avait fait Azedine. Il met ainsi en lumière la situation paradoxale des sans-papiers qui deviennent livreurs. Leur mobilité, surveillée par les algorithmes des plateformes, fait écho aux contrôles subis pendant leur parcours migratoire. Freinés, voire immobilisés dans leurs déplacements, interdits d’entrer sur le territoire, ils sont pourtant les seuls à accepter des emplois qui ont fait d’eux des travailleurs essentiels lors de la Covid-19.

À travers une quarantaine de photos obtenues en documentant longuement la condition d’Azedine et des migrants, Philémon Barbier fait (re)vivre son voyage. Dans ses tirages aux dominantes brune et orange, où le clair-obscur et la nuit dominent, il retrace les étapes qui ont conduit Azedine de la Tunisie à la France en passant par la Bosnie, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche et l’Allemagne. Pour commencer, il retrouve sa mère, son frère jumeau et son ami d’enfance restés en Tunisie, puis il revit les épreuves traversées : les camps où les passeurs vous rackettent, les vastes espaces à parcourir à pied, en train ou dans le coffre d’une voiture, les barbelés à franchir. Une fois à Paris, il saisit la fugacité des échanges avec les clients, le danger des courses, la solitude seulement rompu par les échanges avec les collègues livreurs, la compagne hongroise ou la famille jointes par téléphone. Alternant portraits caravagesques, plans larges de migrants pendant leur épopée nocturne, cadrages rigoureux des paysages traversés, focus sur les mains du livreur aux moments où il livre la commande, Philémon Barbier propose un travail documentaire d’une grande sensibilité.

 


 

Photographies Philémon BARBIER

Vernissage : jeudi 18 janvier de 19h à 21h
Du 18/01/2024 au 06/04/2024
Galerie Mémoire de l’Avenir
45-47 rue Ramponeau
75020 Paris
France

Horaires : du jeudi au samedi de 13h00 à 19h00
Téléphone : + 33 9 51 17 18 75
http://www.memoire-a-venir.org/