IN/VISIBLE


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2013 / 2014

Ce sont leurs cicatrices qui attirent l’attention. Les gens regardent ouvertement ou les observent discrètement. Certaines personnes fuient leurs regards immédiatement parce qu’elles se sentent mal à l’aise ou veulent oublier ce qu’elles viennent de voir. Il est plus aisé pour une société de ne pas prendre connaissance de ceux qui sont différents, de les ignorer, voire de les rendre invisibles. C’est la raison pour laquelle les survivant’s d’attaques au feu ou à l’acide ne souffrent pas seulement de leurs cicatrices toute leur vie, mais aussi de la réaction des autres face à leur défiguration qui les met au ban de la société.

Je me suis rendue en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, en Ouganda, au Népal et au Cambodge au cours de ces deux dernières années afin de faire le portrait et d’interviewer les femmes ayant survécu à des attaques au feu ou à l’acide. Mon souhait a été de documenter très précisément la vie quotidienne de chaque femme dans chacun de ces six pays, montrer ce que signifie vivre avec les stigmates d’une réprouvée dans la société correspondante. J’ai voulu capturer leur vie de tous les jours, leur volonté de survivre, la façon dont elles ont repris leur vie en main, ainsi que leurs moments de désespoir, de joie et de bonheur. Flavia, ougandaise, Neehaari, indienne, Renuka, népalaise, Farida, bangladaise et Nurat, pakistanaise, qui ont toutes subi cette tragédie, m’ont autorisée à partager des moments intimes de leur vie et m’ont montré ce que l’héroïsme signifie réellement. Des interviews révèlent un peu plus de leurs vies et de leurs émotions.Le fond noir, neutre avait pour objectif de faire abstraction de tout environnement social et de leur donner un sentiment de sécurité ainsi qu’un cadre spécial dans lequel elles puissent se sentir capables de se présenter et de poser comme bon leur semble et pas nécessairement comme victimes d’une tragédie. Le but était de montrer leur force intérieure et la paix qu’elles ont retrouvée après tous les combats et les souffrances. Je voulais ainsi leur rendre un visage et les rendre visibles.

On compte officiellement dans le monde environ 1500 attaques à l’acide par an, la plupart concerne des femmes. Le nombre de cas non recensés est bien plus important. Par peur des représailles les survivantes n’osent pas porter plainte.
Il est encore plus difficile de connaître le nombre de femmes attaquées au feu à  ou de celles qui tentent de s’immoler afin d’échapper à une vie de sévices infligées par les maris ou les beaux parents. Ces attaques sont la plupart du temps maquillées en accidents ménagers.

La corruption, une loi peu réactive et la discrimination envers les femmes ancrée dans la culture favorisent ces agressions. Les motifs les plus courants sont, la jalousie, un amour non réciproque, lLinfidélité, une dispute au sujet dLune dote ou dLun terrain. Alors que de nombreux coupables se promènent en liberté, les survivantes subissent quotidiennement des souffrances physiques et psychologiques.

J’ai souhaité capturer la beauté et l’assurance de ces femmes cachées derrière les cicatrices.
J’ai voulu les rendre une fois encore visibles à la société.

Photographies Ann-Christine WOEHRL

Du 19/05/2015 au 19/07/2015
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix
75004 Paris
France

Horaires : Du mardi au samedi de 14h00 à 19h00.
Entrée libre.

Téléphone : 01 42 74 26 36
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