FESTIVAL PHOTOGRAPHIQUE L’OEIL URBAIN - 2022

10e édition, 10 ans d’engagement


This post is also available in: Anglais

Pour ses 10 ans, l’OEil Urbain parcourt les formes de l’engagement – auprès des individus, de l’environnement, tout simplement du monde dans lequel nous évoluons. Les photographes de cette édition racontent des histoires personnelles, singulières qui font écho aux bouleversements contemporains et mettent en lumière un récit commun de l’humanité.
À propos du Festival L’OEil Urbain explore des thématiques liées aux nouvelles réalités urbaines. Ce festival photographique — dont la dixième édition se tiendra du 01 avril au 22 mai 2022 — est devenu un rendez-vous incontournable sur le territoire national.
Une dizaine d’expositions — toutes accessibles à pied depuis la gare RER — sont déclinées sous forme de parcours photographique à travers plusieurs lieux de la ville, en intérieur (Commanderie Saint-Jean, Galerie d’art municipale, Médiathèque Chantemerle, Théâtre) comme en extérieur (parvis de l’Hôtel de Ville, square Crété, Rue du Trou-Patrix, kiosque à musique).
Depuis la création du festival, un artiste résident est invité à livrer sa vision de Corbeil-Essonnes. Ce photographe restitue ensuite son travail lors d’une exposition qui lui est dédiée lors du festival de l’année suivante.
Les expositions du festival photographique L’OEil Urbain sont toutes en entrée libre.

 

DARCY PADILLA (Agence VU’)
The Julie Project

Commanderie Saint-Jean – 24, rue Widmer

En 1993, Darcy Padilla rencontre Julie Baird au cours d’un reportage durant lequel elle suit un médecin dans sa tournée à l’Ambassador – un hôtel du quartier de Tenderloin à San Francisco qui tient lieu d’annexe aux hôpitaux surchargés. Une fois ce reportage terminé, elle décide de revenir dans cet hôtel pour suivre les personnes avec qui elle a noué une forte relation.
Jamais elle n’avait imaginé que ce 28 février 1993 marquerait le début d’un long projet photographique au cours duquel elle suivrait, au plus près, dix-huit années de la vie de Julie, des ruelles de San Francisco au fin fond de l’Alaska.
De là naît le Julie Project, une série d’images en noir et blanc qui racontent le destin tragique de cette jeune femme, de ses enfants et des hommes qui l’ont entourée. La naissance de Rachel, les grossesses successives, le placement des enfants en foyer, le combat contre la maladie, sont autant d’épisodes de la vie de Julie que racontent ces images avec pudeur et justesse. Dans cette approche tout à la fois documentaire et intimiste qui démarre le jour de leur rencontre et se termine à la mort de Julie, Darcy Padilla témoigne de la pauvreté, des familles brisées, de la toxicomanie, du sida et des relations violentes.
« J’ai rencontré Julie pour la première fois le 28 février 1993. Julie avait 18 ans, et se trouvait dans le hall de l’hôtel Ambassador, pieds nus, pantalon ouvert et portant une enfant de 8 jours dans ses bras. Elle vivait dans le quartier SRO (Single Room hotel) de San Francisco, un endroit où l’on trouve des logements pas chers et des
petits restaurants à soupe. Sa chambre était remplie de vêtements jetés à même le sol, au milieu de cendriers
et d’ordures. Elle vivait alors avec Jack, le père de Rachel, sa première fille, et qui l’a rendue séropositive. Elle le quitta quelques mois plus tard pour arrêter de se droguer. » Darcy Padilla

 


GUILLAUME HERBAUT
(Agence VU’)
Terre désirée

Commanderie Saint-Jean – 24, rue Widmer

« L’Ukraine est un marqueur dans mon parcours photographique. Par ce pays, je suis passé du photojournalisme
classique en noir et blanc, à une photographie documentaire qui relate le drame invisible d’une catastrophe
nucléaire. En 2001, dès les premiers instants de mon arrivée, je me suis senti lié à ce territoire. Les couleurs, me rappelaient celles de mon enfance. Les gens m’acceptaient dans leur quotidien. Je découvrais la zone interdite contaminée. Un monde parallèle, un rapport au réel différent, une interrogation sur la manière de photographier les traces de l’Histoire.
Depuis je vais chaque année dans ce pays : en 2004, lors de la révolution Orange et le Donbass puis lors du retour des cosaques, symboles d’une identité ukrainienne ; en 2008 avec la Crimée et ses tensions intercommunautaires. Des séries de reportages, comme un puzzle qui me préparait à suivre en 2014 la révolution Maïdan et la guerre. L’histoire de ce pays m’a permis d’explorer différentes narrations, de casser des repères pour finalement me remettre dans l’actualité et réfléchir sur le photojournalisme aujourd’hui. À l’image de la contamination en tâches de léopard de Tchernobyl, l’Ukraine est partagée actuellement en différentes zones : des zones contaminées, des zones de guerre, des zones de paix comme un miroir du futur de nos sociétés. Une raison qui me pousse à continuer. » — Guillaume Herbaut

 

ANTHONY MICALLEF
Indigne Toit, une histoire des délogés à Marseille (2018-2021)

Kiosque à Musique – Extérieur – 21, allées Aristide-Briand

Ce projet, qui s’étend sur trois ans, raconte la disparition de cinq mille personnes au coeur de Marseille. Tout a commencé le 5 novembre 2018, en plein centre-ville : deux immeubles s’effondrent et ensevelissent huit vies. En quelques secondes, la poussière et la peur envahissent la rue d’Aubagne, jettent les habitants dans une colère blanche, pétrifient les élus. Immédiatement, les évacuations débutent : parce qu’ils sont alors considérés comme dangereux pour la vie de leurs habitants, des dizaines d’immeubles sont vidés et leurs entrées cadenassées. Locataires comme propriétaires, tout le monde est touché. Évacués en urgence, ils ont trente minutes pour rassembler l’essentiel puis sont envoyés dans une chambre d’hôtel de 12 m2. Ils y passeront plusieurs mois, pour certains plusieurs années, avant d’être orientés vers d’autres quartiers. Très peu retrouveront leur appartement.
C’est le péril imminent : en trois ans, il a fait perdre leur foyer à plus de cinq mille habitants de Marseille. Ils ont disparu de leur logement, de leur quartier. Ce projet raconte l’histoire de cette disparition.
En interrogeant les notions d’habitat et de territoire, Anthony Micallef décrit – par la voix de ces délogés — ce que représente un foyer dans une vie. Paradoxalement, c’est souvent la perte d’une chose qui nous en fait mesurer l’importance. Ici, c’est l’invisibilisation de ces habitants qui leur a permis de cartographier l’essentiel : certes on habite un logement, une rue et un quartier, mais ce sont d’abord eux qui nous habitent. Indigne Toit a reçu le soutien de la Fondation Abbé Pierre.

 

 

PALOMA LAUDET  (Collectif Hors Format)
No man’s land

Square Crété – Extérieur – Allées Aristide-Briand

À Calais, près de 65 kilomètres de clôtures barbelés dentellent la ville. Depuis les accords du Touquet signés
en 2003, on assiste à une externalisation de la frontière britannique sur le sol français. L’Angleterre a versé plus de 170 millions d’euros à la France pour la sécurisation de sa frontière face à l’afflux de migrants dans le Pas-de-Calais.
La ville, avec le soutien de l’État, a mis en place une politique de répression envers les centaines d’exilés toujours présents à Calais. En 2020, 3 000 mètres carrés d’espaces verts et de forêts ont été évacués, rasés puis clôturés pour éviter la formation de nouveaux camps. Mais surtout, près de 26 000 panneaux de clôtures, parfois électrifiés ont fleuri partout dans la ville. Ces dispositifs anti-migrants touchent aussi les Calaisiens qui sont privés de certains espaces verts et subissent eux aussi ces clôtures au quotidien.
Ces murs, clôtures, barbelés, caméras de vidéosurveillance et matériaux de détection infrarouge rendent ces 30 kilomètres entre Calais et Douvres quasiment infranchissables en véhicules. De ce fait, les exilés prennent de plus en plus de risques pour traverser le détroit notamment en petits bateaux.
Selon la préfecture maritime, en 2021, entre le 1er janvier et le 31 juillet, 12 000 personnes ont tenté de traverser la Manche en bateaux, contre environ 2 300 en 2019. En 20 ans, plus de 335 exilés sont morts en tentant de rejoindre l’Angleterre…

 

COLLECTIF ITEM
Le collectif item, 20 ans, un engagement

(Extérieur)

Pour les existentialistes, l’engagement est l’acte par lequel l’individu assume les valeurs qu’il a choisies et donne, grâce à ce libre choix, un sens à son existence.
Nous étions loin des existentialistes et de la philosophie en 2001 lors de la création du collectif item. Nous étions dans l’urgence de nos envies, et l’impatience de nos réussites.Vingt ans plus tard le choix de fonder un collectif, de mettre nos savoirs en commun, de mutualiser nos moyens et de se créer un espace d’échanges et d’émulation a donné du sens à nos existences. Il nous a permis de nous réaliser, de devenir photographe, de nous engager les uns avec les autres, et de nous engager dans nos histoires.
Avancer collectivement, c’est interroger en permanence notre manière de raconter le monde. C’est aussi questionner la neutralité. C’est assumer le fait que l’objectivité n’existe pas dans notre photographie, pas plus que dans le journalisme.
C’est se donner la force de revendiquer notre subjectivité quand nous devons assumer notre engagement sur certaines problématiques politiques ou sociales que nous choisissons de traiter au long cours.

Cette exposition retrace en images, 20 ans de production du collectif item.

 


 

Photographies de WILLIAM KLEIN, DARCY PADILLA, GUILLAUME HERBAUT, ANNE REARICK, JOHN TROTTER, SANDRA MEHL, HERVÉ LEQUEUX, ANTHONY MICALLEF, RIP HOPKINS, PALOMA LAUDET, PASCAL RIVIÈRE, COLLECTIF ITEM, ÉDOUARD ÉLIAS.



Du 01/04/2022 au 22/05/2022
Ville de Corbeil-Essonnes

91100 CORBEIL-ESSONNES
France

Horaires : Entrée libre
Téléphone : 01 42 33 93 18
loeilurbain@2e-bureau.com
www.loeilurbain.fr