CONTAMINATIONS

Après moi le déluge


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J’ai fait le tour de la Terre en 2018. Ça ne prend que quelques heures tant elle est petite, fragile. Et où que mon regard se soit porté, il s’est perdu dans l’obscurité.
Un fleuve mort sur 650 km, des poissons déformés, des forêts radioactives, des enfants qui naissent sans yeux, des mafieux qui trafiquent des déchets nucléaires, des déchets plastiques à la dérive au milieu d’un océan, devenus les premiers maillons d’une chaîne alimentaire dégénérée…

Qu’avons-nous laissé faire ?

« Contaminations » propose une réflexion sur les pollutions industrielles irrémédiables, transformant pour des décennies, voir des siècles, des territoires en zones impropres au développement de la Vie. Un tour du monde de zones contaminées par l’Homme du XXIème siècle et ses industries chimiques, minières ou nucléaires, qui laissent en héritage pour les générations à venir, des pans entiers de notre planète souillés.

Méthane, acide prussique, phosgène, phosphore rouge, oxyde d’éthylène, chlorure de vinyle, phénols, dérivés d’arsenic, de cyanure, de chlore, sulfure d’hydrogène, soude caustique, pétrole, bisphénol, DDT et PCB sont autant de molécules et produits de synthèse dont les concentrations dans les sols, les eaux et la chaine alimentaire, prendront des décennies, des siècles, parfois des milliers d’années, à retrouver des concentrations viables pour l’humain.

Face à ces constats, les discours de communication des industriels sont d’une cynique violence.
Les porte-paroles des compagnies pétrolières revendiquent une énergie verte à propos des sables bitumineux, les pollueurs brésiliens, connus pour leur corruption, ne sont pas condamnés, et à Fukushima, l’exploitant de la centrale fait du lobbying pour rejeter ses millions de litres d’eaux contaminées dans l’océan… et les taux de cancer augmentent en flèche. Mais les industriels n’ont pas un dollar à perdre.
Après moi le Déluge !

Depuis 20 ans j’ai travaillé sur des sujets traitant de la précarité. Longtemps j’ai imaginé que ces histoires n’étaient pas les miennes. Croyant peut-être pouvoir me protéger du poids des témoignages des plus fragiles en imaginant avoir la chance de ne pas être dans les situations que je photographiais.
Aujourd’hui, j’ai fait le tour de la Terre, et je l’ai vue si petite, si fragile…
Et nos déchets sont partout, contaminant les terres, les eaux et les airs. Nos océans immenses sont souillés jusqu’en Arctique, des milliers de tonnes de déchets polluent déjà l’Espace.

Continuer c’est être aveugle, ces histoires sont la nôtre.

Samuel Bollendorff

Contaminations est une série réalisée en co-production avec le journal Le Monde et avec le soutien de la Fondation Tara Expéditions.

Les enquêtes ont été réalisées avec les journalistes du Monde, Simon Roger (Alberta), Claire Gatinois (Brésil), Stéphane Mandard (Japon), Jérôme Gautheret (Italie), Isabelle Mandraud (Russie), Stéphane Foucart (USA), et Patricia Jolly (Pacifique).
Merci à Sophie Landrin, Nicolas Jimenez et Marie Sumalla.

 

For 2018, I chose to travel the earth. It is a small planet and can be covered in a matter of hours. Wherever I have looked I have seen darkness: a river, dead, over a distance of 650 kilometres, deformed fish, radioactive forests, children born with no eyes, the mafia dealing in toxic waste, plastic adrift in the ocean forming particles that are now part of a grotesque food chain. How have we let this happen?
Contamination addresses cases of irredeemable industrial pollution which, over decades and even centuries, has turned land into areas unfit for living beings. Here we have a world tour of areas contaminated by humans in the 21th century, by the chemical, mining and nuclear industries, where entire swathes of the planet earth have been fouled for generations to come.
Methane, prussic acid, phosgene, ethylene oxide, polyvinyl chloride and phenols; arsenic, cyanide and chlorine derivatives; hydrogen sulphide, caustic soda, petroleum, bisphenols, DDT and PCBs are compounds now present in the soil, water and food chain, and it could be decades or centuries, or sometimes even millennia, before they return to levels that can be tolerated by humans.
Given these facts, the PR/Communication statements from industry appear to be both cynical and antagonistic. Spokespersons for oil companies, when talking about the mining of oil sands, claim they are producing green energy. In Brazil, polluters notorious for corrupt practices are never found guilty. In Fukushima, TEPCO, the operator of the nuclear power plant, has lobbied to dump millions of liters of contaminated water into the ocean; and rates of cancer have soared. But industry will not miss out on the prospect of making a dollar.
For twenty years I have been working on social issues, and invariably thought that such stories were not mine. Perhaps I believed I could shield myself from the impact of the experiences of those vulnerable beings, thinking I was lucky enough not to be in the same situation as the people I was photographing. Now I have crossed the world, and seen how vulnerable the planet Earth is. We have produced waste which is everywhere, contaminating land, sea and air. The vast oceans are littered with filth, all the way to Polar Regions, and there are already thousands of tons of debris in outer space. To continue thus is to be blind. These stories are ours.

Samuel Bollendorff

 


 

Photographies Samuel BOLLENDORFF

VERNISSAGE MARDI 15 JANVIER 2019 DE 18H00 A 21H00
Du 16/01/2019 au 02/03/2019
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix
75004 PARIS
France

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