CHAMPS DE BATAILLE


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« La guerre est père de toutes choses, roi de toutes choses, et fait apparaître les uns comme dieux, les autres comme hommes, et fait les uns libres et les autres esclaves. »
Fragment d’Héraclite

Dans les années 1980, 1990, Yan Morvan est un photojournaliste qui couvre, entre autres, les plus importants conflits de son temps. Ses images font les unes des magazines. Mais la vue prolongée de la violence et de la mort le fait un jour douter du sens et de la légitimité de son métier de photographe de guerre. C’est ainsi qu’en 2004 il décide de changer d’approche et de méthode.
La prise de vue de son sujet principal, la guerre, ne se ferait plus dans le tumulte meurtrier de l’action, en temps réel, mais après le combat, longtemps après la bataille, dans la quiétude du paysage.
Des années, des siècles, des millénaires après que l’écho des armes ait disparu, il part sillonner le monde. Emporté par une fuite en avant, il pose le trépied de sa Deardorff 20×25 un peu partout dans le monde où les hommes se sont battus, et cela par tout temps et en toute saison.
Ce travail durera dix ans. Il va répertorier des lieux, amonceler des dates, construire, pièce après pièce, un inventaire de la guerre.
Il retrouvera toutes les typologies de la bataille. Elles sont photographiées avec la même acuité et le même sens de l’observation qu’un soldat doit avoir sur le terrain. Ainsi s’égraine une longue série de champs ouverts, de fôrets, de bords de mer, de ponts et de rivières, de villes et de remparts.
On y découvre que l’art militaire, somme toute, se déroule selon des formes assez limitées dans le temps et dans l’espace.
Après la guerre la nature redevient l’immuable maîtresse des lieux, le paysage demeure aussi vaste que l’Histoire, la paix revient mais l’interrogation reste. L’histoire de la guerre est-elle l’histoire de l’humanité ?
Dans ses Champs de bataille Yan Morvan ne tente pas une réponse à cette question mais il la laisse à l’intimité du visiteur. En revanche, au bout de cet effort inouï, il découvre avoir prolongé son travail de photographe de guerre, ayant ici capturé la guerre sur la pellicule, à travers le génie intemporel des lieux.
Ce catalogue, incomplet mais exhaustif, est presque aussi long que celui d’un Don Juan du photojournalisme, et il nous montre l’échiquier et les pièces d’un jeu de la guerre grandeur nature.
L’exposition reproduit 80 photographies extraites du corpus de 430 images de l’ouvrage Champs de bataille, publié aux Éditions Photosynthèses en novembre 2015.
Un montage vidéo et sonore accompagne cette déambulation.Marco Zappone

Photographies Yan MORVAN

Du 04/07/2016 au 11/09/2016
LE CAPITOLE
14 Rue Laurent Bonnement
13200 ARLES
France

Horaires : 10H -19H30
Téléphone : 04 90 93 14 06
www.rencontres-arles.com