C'EST BEYROUTH


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Du 28 mars au 28 juillet 2019, l’Institut des Cultures d’Islam présente C’est Beyrouth, exposition curatée par Sabyl Ghoussoub. Les œuvres de seize artistes photographes et vidéastes témoignent de la place de la communauté, de la religion et de l’individu à Beyrouth depuis le conflit israélolibanais de 2006. Loin de la galerie de portraits, l’exposition propose de découvrir Beyrouth autrement, dans une décennie qui ne connaît ni la guerre, ni la paix.

La guerre de juillet 2006 hante toujours les esprits des Beyrouthins et se devine dans la série Abandon où Cha Gonzalez suit les excès nocturnes d’une jeunesse en quête de sens. A côté des communautés religieuses, très visibles du fait de la structuration confessionnelle de la société, d’autres groupes sont marginalisées. Depuis quatre ans, Mohamad Abdouni s’intéresse à la communauté LGBT+ libanaise. Pour la série Doris & Andrea, il a vécu trois semaines aux côtés d’une mère et son fils genderqueer, au cœur du quartier branché de Mar Mikhael. Ici le photographe s’intéresse notamment aux paradoxes de cette famille de chrétiens arméniens.

Beyrouth doit aussi faire face à de multiples crises politiques et migratoires, conséquences d’autres conflits passés et présents. Fuyant la guerre, environ un million de réfugiés syriens vivent aujourd’hui au Liban, dépassant le nombre de réfugiés palestiniens arrivés depuis 1949. La photographe Dalia Khamissy documente depuis des années ces communautés, leur quotidien bercé entre souffrances et espoirs.

La religion est omniprésente dans l’exposition, comme dans cette capitale où se côtoient dix-huit communautés à dominantes musulmanes et chrétiennes. Ce multiconfessionnalisme s’affiche à la fois dans l’espace public et intime. Patrick Baz, dans son ouvrage Chrétiens du Liban, a documenté pendant deux ans la communauté chrétienne de Beyrouth et du Liban. Le photographe nous immerge dans l’extravagance et la ferveur des pratiques religieuses : baptêmes, mariages, processions… Natalie Naccache présente quatre diptyques où l’on découvre la communauté musulmane de Beyrouth fêter les iftars – repas pris chaque soir du ramadan au coucher du soleil. Bourgeoisie libanaise, réfugiés syriens, scoots, ou encore commerçants, les catégories sociales se confondent pour vivre ensemble ces moments de partage qui animent les rues de la capitale. Le photographe libanais Hassan Ammar met en scène les corps de miliciens partisans du Hezbollah, tous Beyrouthins en révélant leurs tatouages de figures chiites. On y reconnaît Ali (disciple du prophète Mohammed), ou encore celui de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah. Le corps devient ici un marqueur identitaire et religieux.

Ziad Antar interroge les codes de la virilité dans la société libanaise et leur représentation dans le pouvoir avec deux grands portraits des policiers en uniformes près de leurs motos.

Le sort des travailleurs migrants et des réfugiés constitue l’avant dernière partie de l’exposition. Myriam Boulos avec sa série C’est Dimanche s’intéresse aux femmes domestiques migrantes exploitées par des riches familles libanaises. Dans la loi libanaise, ces patrons ont autorité sur leurs visas et leurs passeports. Originaires d’Asie du Sud ou encore d’Afrique, elles travaillent tous les jours de la semaine, exceptées quelques heures le dimanche. Ce sont ces moments que Myriam Boulos nous donne à voir : chez l’esthéticienne, au salon de coiffure, au marché ou dans les salles de prière, on suit le mince espace de liberté de ces femmes oubliées.

L’exposition s’achève sur la façade extérieure de l’espace Stephenson où l’artiste visuelle Randa Mirza réalise un triptyque d’images extraites de sa série Beirutopia. Beyrouth connaît aujourd’hui une effervescence de projets immobiliers qui font disparaître son patrimoine architectural. Les images de la série présentée sont des mises en abyme d’affiches publicitaires de ces constructions qui transforment aujourd’hui la ville.

Photographies COLLECTIF

Du 28/03/2019 au 28/07/2019
INSTITUT DES CULTURES D'ISLAM
19 rue Léon
75018 PARIS
France

Horaires : Du mardi au dimanche de 11h à 19h, le vendredi de 16h à 20h
Téléphone : 01 71 19 48 04
ozerbib@communicart.fr
www.institut-cultures-islam.org