BORDERLAND


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« L’un des problèmes les plus importants auquel nous devons faire face, c’est d’obtenir l’unité complète », a écrit l’auteur indien Jiddu Krishnamurti en 1973, dans son livre intitulé Beyond Violence (Au-delà de la violence), chapitre intitulé Fragmentation and Unity (Fragmentation et unité). « Quelque chose qui va au-delà du souci égoïste et fragmentaire autour du “moi”, à quelque niveau que ce soit : social, économique ou religieux. Le “moi” et le “non-moi”, le “nous” et le “ils”, sont des facteurs de division. »
Si en apparence nous avons atteint un haut niveau de communication globale, la réalité actuelle nous mène à penser, en voyant les guerres d’aujourd’hui, que nous allons à reculons, ou que nous retombons après avoir touché le sommet. En ce moment, nous avons du mal à établir les liens qui dans la musique ont été si efficaces et inspirants. Mais, piégés par le monde socio-économique défini par le soi-disant « marché libre », il devient plus complexe et plus difficile d’établir ces relations. Nous sommes de plus en plus éloignés de notre Être, de notre intériorité.
Et malgré tout, nous tentons désespérément de nous trouver, avec des techniques de guérison spirituelle, et des substances qu’on importe, qu’on exporte, qu’on achète, qu’on essaie. Que ce soit avec la racine d’un cactus du désert ou avec un ancien exercice de respiration venu du bout du monde, nous poursuivons le même objectif insaisissable : discerner un peu de notre véritable nature impalpable.
Alors que nous tentons d’y échapper, la fragmentation nous tyrannise sans merci. Elle nous persécute car nous sommes formatés à croire au pouvoir de déconstruction. Ici, pas d’Ubuntu ni de Dharma, nous faisons face au contraire à un dragon déficitaire qui phagocyte tout sur son passage, changeant tout en dettes.
Est-il possible de comprendre l’origine ? Pouvons-nous analyser ce qu’est une culture méditerranéenne géocentrique, comment elle est arrivée de l’Est et a ensuite été transmise au “nouveau” continent par des filiations inconnues. Pouvons-nous le comprendre vraiment ?
Tout est une succession de générations qui, si on veut penser en termes de traits psychologiques, crée tout ce que nous sommes aujourd’hui ; mais, si nous nous basons sur l’ADN et les découvertes récentes, nous pouvons aboutir à d’autres théories et possibilités infinies, comme Annunaki et/ou la planète Nibu. Le roman de la vie.
La mémoire est-elle nécessaire ou simplement une fragmentation de plus ? Ou le premier jet d’une nouvelle fiction ?
Du chanvre, des racines, des fleurs et la vallée du Nil. La civilisation émerge d’un tissu. D’une manière intangible, le feu ne suffit pas. Pierre, taille, peaux, poils. Du monde des fractales au domaine textile, tous les motifs mémoriaux convergent. Un signifié émerge lorsque les frontières s’évanouissent, s’ouvrant à l’unité. Pour s’éloigner du politique.
La sensation qui émane de ces images magiques créées par Alia Ali est étrange, à l’instar des scènes de The Tempest de Peter Greenaway. D’un côté elles nous absorbent comme un miroir, de l’autre elles nous transforment en pensée politique, dans cette incompréhension qui nous submerge, ne serait-ce que par le poids des pluralités.
Il n’est pas aisé de comprendre comment une image qui part d’un élément en deux dimensions, projeté sous forme de pigment sur un autre élément plat (du papier pur coton en l’occurrence) peut générer une telle force intérieure qu’elle se propage au niveau de la pensée, ainsi qu’au monde qui l’entoure. Cela peut nous conduire à un piège dans des montagnes russes d’idées qui circulent par les canaux les plus ouverts de l’énergie universelle, bien au-delà du monde terrestre, en orbite.
Des harmonies flottent à travers l’espace de leur temps. Des réverbérations de couleur. C’est là que nous conduit l’exploration menée par l’artiste aux frontières des relations à deux éléments : à cette manifestation de procédés d’enquête liés à une histoire, à un passé, pour abolir les limitations du passé. Pour ces raisons, Alia Ali est une profonde représentation de son temps, de notre présent, et son travail fait vibrer tout notre être, comme aimait le dire le dramaturge et poète Vassily Kandinsky.
Diego Alonso
Diego Alonso est directeur du Mondo Galeria de Madrid en Espagne.
Photographies Alia ALI

Du 23/03/2017 au 22/04/2017
MONDO GALERIA
Calle San Lucas 9
28004 Madrid
Espagne

Horaires : Du mardi au samedi 11h à 14h//17h à 20H30
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