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Nous ne pouvons et ne devons pas ignorer le fait qu’en Espagne, 80% de la population habite sur 20% du territoire et, inversement, 80% du territoire n’est peuplé que par 20% d’habitants. Par conséquent, Action Cultural Española (AC/E) a décidé de lancer le projet photographique Alma Tierra et de le présenter à la Diputacion de Huesca dans le cadre du programme Visiona / Hu.

Comme le souligne Julio Llamazares dans le texte accompagnant, Alma Tierra veut être  »une élégie, un plaidoyer contre la marginalisation de certains Espagnols et un appel à la réflexion ». C’est aussi un hommage, dixit son auteur, le photographe José Manuel Navia qui a passé une grande partie de sa carrière à parcourir les chemins de la campagne profonde espagnole. Un hommage à une culture, à sa mémoire et aux personnes qui sont là, qui résistent contre vents et marées et qui ont rendu possible l’exposition Alma Tierra et le livre éponyme, coédité avec Ediciones Anómalas.

 »Même s’il n’apparaît explicitement que dans certaines des photographies de ce livre, nous percevons dans presque toutes la présence du signe que nous voyons depuis des années lors de nos voyages dans l’Espagne dite vide et qui résume le message de cette œuvre de José Manuel Navia : A VENDRE. Tout est à vendre : les maisons, les terres, les horizons, même les âmes des villages dont les habitants les ont abandonnés à la recherche d’une vie meilleure, ou à défaut moins solitaire. Alors que l’Espagne urbaine et périphérique connaît une croissance disproportionnée, l’Espagne intérieure et rurale souffre d’extrêmes qui surprendraient même les Espagnols si, en plus de parler de dépeuplement et d’abandon comme ils le font souvent ces derniers temps, ils décidaient de vérifier par eux-mêmes l’extension et l’importance des deux phénomènes. » – Julio Llamazares, d’après le texte du livre