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Publié le 16 mai 2017

Les lauréats de la 3ème édition du concours SOPHOT

Exposition du 22 mai au 20 juillet 2013  –  Galerie FAIT & CAUSE  –  Paris

« LA VIE À DURÉE DÉTERMINÉE »
Olivier Jobard

LA VIE À DURÉE DÉTERMINÉE
Juin – septembre 2012

En France, certaines personnes peuvent travailler des années sans jamais se voir proposer un CDI (Contrat à Durée Indéterminée), ou ne peuvent avoir d’autre choix que de cumuler plusieurs emplois pour gagner un SMIC.
En France, il arrive qu’à la fin d’une journée de travail en intérim, la mission ne soit pas reconduite le lendemain, et ce, sans préavis.
En France il est fréquent que des travailleurs sans papiers aient à payer des impôts.
Nous les croisons, nous vivons à côté d’eux sans bien connaître leurs conditions d’existence.
Ils sont peu syndiqués, rarement défendus, peu présents dans les médias, plus préoccupés par leur survie que par leurs droits.
Pourtant, ils vivent tous l’emploi, l’éducation et le logement précaires, l’endettement et la difficulté de se projeter dans l’avenir.
Pendant plusieurs mois, aux quatre coins de la France, j’ai suivi au plus près ces travailleurs précaires dans le bâtiment, l’industrie, l’agriculture, la restauration, les services.
Levé avant l’aube comme la plupart d’entre eux, embarqué dans leurs galères de transport, d’horaires, d’organisation pour s’abriter, se nourrir, s’occuper de leurs enfants, j’ai pu photographier de l’intérieur ces vies minuscules, les explorer.
Le plus difficile pour moi a été de les convaincre de me laisser entrer dans leur monde. Certains sont à la limite de la légalité, d’autres dans l’illégalité, d’autres dans la «débrouille».
Ma règle n’a jamais varié depuis que je porte entre mes mains un appareil photo.
L’engagement dans les sujets que je développe nécessite beaucoup de temps, de patience et surtout de curiosité.
Etre au plus près des gens que je photographie, c’est explorer leur vie, à leur côté, avec eux, en étant le plus juste possible et sans surjouer l’empathie, ou pire, la plainte.
Car ces gens n’ont de cesse de se battre.

Plongée dans la France des travailleurs précaires à travers 7 portraits.
Travail réalisé grâce au soutien du Festival Photoreporter de la Baie de Saint-Brieuc.

Olivier JOBARD

Biographie :

Olivier Jobard est né en 1970. Il intègre en 1990 l’école Louis Lumière qui lui propose d’effectuer son stage de fin d’études à l’agence Sipa Press. En 1992, il rejoint l’équipe des photographes de Sipa qu’il quitte en 2011. Il est aujourd’hui diffusé par l’agence Myop.
Il couvre de nombreux conflits dans le monde : Croatie, Bosnie, Tchétchénie, Afghanistan, Soudan, Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire, Colombie, Irak…
En 2000, il se rend à Sangatte. Son approche photographique change alors, il se consacre principalement à un travail au long cours sur les problématiques d’immigration, en Europe et dans le monde.
Suite à sa rencontre avec Kingsley au Cameroun en 2004, il le suit tout au long de son périple de l’Afrique vers la France.
Puis pendant deux années, Olivier Jobard a concentré son travail sur la « forteresse Europe » : de l’Ukraine à la Pologne, de la Turquie à la Grèce, de la Syrie à l’île de Lampedusa, il documente les nombreuses routes migratoires clandestines qui mènent aux frontières européennes.
Après avoir témoigné des expériences d’immigration, c’est aujourd’hui l’intégration des immigrés dans leur pays d’accueil qui est au centre de son travail photographique.

« LES MANGEURS DE CUIVRE »
Gwenn Dubourthoumieu

LES MANGEURS DE CUIVRE
République Démocratique du Congo – 2009 – 2012

La « ceinture de cuivre » katangaise, à l’extrême sud-est de la République démocratique du Congo, recèle 10 % des réserves mondiales de cuivre et 34 % de celles de cobalt. Début 2011, le cours du cuivre a atteint son record historique : 10 000 dollars la tonne sur le London Metal Exchange. Depuis, la tendance s’est confirmée, maintenant le cours est à plus de 8 000 dollars la tonne. Profitant de ce boom sans précédent et d’une libéralisation organisée par la Banque Mondiale au début des années 2000, d’immenses fortunes se bâtissent à la faveur d’une gestion particulièrement opaque des revenus du secteur minier. Jusqu’à présent, seules quelques multinationales et une poignée d’individus proches du pouvoir ont les moyens d’en profiter. Paradoxalement, la situation des quelques 200 000 « creuseurs » katangais qui survivent grâce à cette activité et constituent encore la majorité de la main d’œuvre, s’est aggravée. Les investissements des multinationales occidentales, indiennes ou chinoises les ont chassés des sites les plus riches. Forcés à revendre leur production à bas prix aux partenaires gouvernementaux ou contraints de se rabattre sur l’exploitation des rejets industriels, ils amoindrissent encore leur espérance de vie comme leurs revenus.

Des années de travail sur le sujet et de nombreux voyages dans la province m’ont familiarisé avec les personnes impliquées dans les activités minières au Katanga. Petit à petit, j’ai réussi à obtenir l’accès aux sites d’extraction des multinationales, à leurs entrepôts et à leurs usines. J’ai pu être accepté dans la communauté des nouveaux entrepreneurs, ce qui m’a permis de documenter leurs vies privées (fêtes, week-ends…). Le but de ce projet est d’apporter une meilleure compréhension du monde des affaires et de l’extraction minière au Katanga, où les besoins locaux semblent ignorés. C’est aussi une illustration de l’effet tant de la libéralisation récente de l’économie mondiale que de la ruée pour les matières premières en Afrique et une dénonciation du refus des sociétés internationales à partager leurs profits. Ceci n’est pas l’histoire des minerais de sang, issus de conflits, avec des images de rebelles et de kalachnikovs, sur lesquelles les campagnes de plaidoyer internationales se concentrent généralement. C’est plutôt l’histoire, plus difficile à illustrer, de l’énorme écart entre une population locale cherchant des matières premières pour le compte d’industries étrangères et de traders installés à Londres ou New York, pariant sur un bénéfice rendu possible grâce à une main d’œuvre exploitée et sous-payée.

Gwen DUBOURTHOUMIEU

Biographie :

Gwenn Dubourthoumieu s’est intéressé à la photographie alors qu’il travaillait en Afrique pour des ONG humanitaires. En 2012, il remporte la 2ème place aux NPPA Best of Photojournalism Awards dans la catégorie «The Art of Entertainment», le Coup de Cœur de la 50ème Bourse du Talent dans la catégorie « portraits », il fait parti des 12 photoreporters sélectionnés au festival en Baie de Saint Brieuc, a reçu le prix spécial du jury au 8th Days Japan International Awards. En 2011, Gwenn Dubourthoumieu a reçu la mention spéciale au prix Roger Pic et le prix de l’enquête au Festival Européen de Journalisme de Lille pour son reportage sur les enfants sorciers de Kinshasa. La même année, il remporte la bourse «Getty Images Grants for Good» pour sa série «Des Vies Violées» traitant du problème des violences sexuelles en République Démocratique du Congo. En 2010, il reçoit le Prix Spécial du Jury au Festival SCOOP d’Angers pour son travail «État d’Armes». En tant que photographe, Gwenn Dubourthoumieu travaille encore régulièrement avec des ONG et des fondations. Sa collaboration avec le Centre Carter à notamment été récompensé aux Photo Philanthropy Professional Awards en 2012.
Correspondant photo pour l’Agence France Presse en République démocratique du Congo de septembre 2010 à décembre 2011, il est aujourd’hui installé à Paris.


FINALISTES 2013


Sandra CALLIGARO

« Afghan dream »
Les nouveaux urbains à Kaboul. Afghanistan

Julien COQUENTIN
« Green wall »
Deux murs se faisant face : la forêt du Sarawak et les plantations industrielles.
Bornéo – Malaisie

Pierre FAURE
« Roms : un camp aux portes de Paris »
Immigration et précarité. France

Joël FÉLIX
« Vietnam et agent orange, aujourd’hui encore »
Effets dévastateurs à long terme de la dioxine. Vietnam

Brigitte GRIGNET
« The damned and the beautiful »
La Patagonie sans barrages. Aysén – Chili

Fabrice LEROUX
« Malou »
La fin de vie d’une grand mère à la maison. France