Le gouvernement transitoire en Irak vient d’abroger le Code de la Famille de 1959, qui était l’un des plus avancés du monde musulman concernant la condition féminine.

Après avoir été le pays le plus laïc du Moyen-Orient, l’Irak est en train d’affronter la dictature des religieux. Sous Saddam Hussein, l’installation d’un islamisme radical a été favorisé : C’était une stratégie pour acheter la paix avec les chiites alliés aux américains (ils ont essayé de renverser le régime en 1994), et les pays voisins (Iran, Arabie Saoudite…).
Mais ce fut bel et bien la deuxième offensive américaine, en 2003, qui permettent aux religieux de prendre le pouvoir. le désordre du pays et l’indifférence de l’armée d’occupation leur ouvrent toutes les portes.

Les femmes sont les premières victimes de ce nouveau régime. Elles subissent la dictature du voile, et perdent leur existence sociale. Mais les luttes politiques, les luttes économiques et la présence américaine occultent littéralement leur cauchemard.

« Je ne me voilerai jamais », affirmait Zeinab, une bagdadi de 45 ans. C’était en avril 2002. Aujourd’hui, cette irakienne se sent obligée de se dissimuler derrière un tchador, dans certains quartiers de Bagdad. « On me jette des pierres, si je suis découverte », explique-t-elle. Elle est pourtant musulmane chiite, mais elle souhaite pratiquer sa religion comme elle l’entend et refuse de se laisser dicter son comportement. Depuis toujours, elle s’habille à l’occidental. Depuis toujours, elle côtoie des femmes voilées. Mais jusqu’à présent, elle pouvait choisir sa tenue vestimentaire, travailler, sortir seule, sans être accompagnée de son mari.
Aujourd’hui, sa fille de seize ans ne peut plus rencontrer ses amies au café. Les adolescentes se réunissent les unes chez les autres. Afficher trop de liberté pour une femme irakienne, c’est devenu dangereux.

Comme Zeinab, beaucoup d’Irakiennes ont dû modifier leur mode de vie face aux religieux qui s’imposent de plus en plus en Irak. Face à ces atteintes à la liberté de la femme, ni le conseil de gouvernement transitoire, ni les autorités américaines n’interviennent.
© M.J.FREY