En 2001, j’ai passé cinq semaines auprès d’enfants et de jeunes de la rue, à Jogjakarta, dans le cadre d’une enquête anthropologique. J’ai choisi de constituer avec eux un témoignage croisé, placé sous le signe de l’échange et de la diversité. Par des portraits de ceux qui ont participé au projet, en référence à l’imagerie policière, j’ai voulu dénoncer la manière dont sont perçus et traités les enfants de la rue : comme des délinquants hors-la-loi. Une séquence de photographies en couleur, prises par les jeunes au moyen d’appareils jetables, puis ordonnées et légendées par eux, narre de l’intérieur une journée à Gondomanan, le carrefour où ils vivent. Des dessins commentés permettent de cerner autrement leur environnement, leur état d’esprit et leur attachement à la rue. Enfin, mes propres photographies, en noir et blanc, éclairent sous un autre angle le quotidien de ces jeunes. En choisissant de confronter différents points de vue et de multiplier les supports, j’ai souhaité questionner aussi bien la démarche documentaire que la complexité d’un phénomène méconnu.