GÉNÉRATION TANGANYIKA

Le Choléra, une fatalité ?...

Isabelle SERRO

Isabelle Serro Photography


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Avril 2018 / Décembre 2019


Avec ses 677 kms, le Tanganyika est le plus long lac d’eau douce du monde mais c’est aussi le deuxième lac africain par sa superficie équivalente à celle de la Belgique.

Connu pour sa biodiversité et ses centaines d’espèces qu’on ne trouve que dans ce lac et nulle part ailleurs, on estime que sa formation remonte à plus de 20 millions d’années.

A Uvira, ville de 467 000 habitants, dans le Sud Kivu, en République Démocratique du Congo, les réseaux d’adduction en eau étant quasi-inexistants, le Tanganyika est de fait la première source d’eau utilisée par la population.

Toute la journée, une activité humaine intense et variée fourmille sur ses rives. Les enfants s’y retrouvent pour jouer, se baigner, rêver mais aussi pour effectuer les corvées quotidiennes d’eau avant ou après l’école.

Chaque jour, ce sont des centaines de femmes, d’hommes qui y remplissent  leurs bidons d’une eau destinée aux tâches ménagères mais aussi à la consommation, faute d’accès à une source potable.

À contempler les pêcheurs revenir de  leurs sorties nocturnes sur les rives du lac Tanganyika, les ménagères lessivant leurs vaisselles ou leurs vêtements, les enfants plongeant la tête la première, il est tentant de penser que cette immense étendue d’eau de 32 900 km² est calme, inaltérable et inoffensive.

Mais le Tanganyika, qui côtoie également les frontières de la Zambie, du Burundi et de la Tanzanie étouffe sous les effets du réchauffement climatique.

Un désastre car à lui seul, il représente près de 20 % des ressources d’eau douce du monde.

On s’y lave, on y lessive, on y fait la vaisselle et, par manque de latrines individuelles ou collectives, on reconvertit ses berges en toilettes.

Sous ses eaux turquoises, un véritable bouillon de culture se multiplie avec les effets du réchauffement climatique et l’augmentation des activités humaines.

Une véritable aubaine pour la bactérie responsable du choléra qui y prospère à foison , provoquant des épidémies meurtrières chaque année.

Bien qu’une très large sensibilisation soit réalisée par les organismes humanitaires, beaucoup ne croient toujours pas à l’existence du choléra, dénonçant le mauvais sort, et lorsqu’ils y croient ils s’en remettent au destin.

L’insouciance au bord du Tanganyika aurait pu s’arrêter là, les rêves s’évanouir, mais malgré tous ces phénomènes alarmants, le lac demeure faute de mieux, source de vie jusqu’à ce que la mort rattrape sournoisement l’un d’entres eux.

Isabelle Serro

 


 

Pays : Congo
Région : Sud Kivu
Lieu : Uvira

Nombre de photos : 40