Patrick BLANCHE
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Les armateurs thaïlandais n’ont que l’embarras du choix pour recruter. Ici, une cinquantaine de chalutiers sillonnent la mer inlassablement. Je suis parti en mer sur l’un d’eux avec à son bord un capitaine et un mécanicien thaïlandais pour 28 birmans payés 200 baths (4 euros) la sortie en mer de deux jours. Une fois au large, la nuit tombée, le capitaine confortablement installé dans sa cabine surplombant le chalutier, scrute, ses yeux rivés plus son sonar les moindres indices. Balayage incessant des fonds marins en quête de banc d’anchois. Il anticipe le déplacement du banc de poissons, positionne son embarcation, actionne le largage automatique de ses 800 mètres de filet de pêche puis manœuvre rapidement sur une courte boucle piégeant ses proies. L’équipage est au poste et les plus jeunes, âgés d’à peine 15 ans, se jettent à l’eau et disparaissent dans l’obscurité de la nuit noire pour lester le filet. Ils resteront ainsi dans l’eau, heureusement chaude et tropicale, mais infesté de requins inoffensifs, toute la durée de la remontée du filet. Sur le pont les muscles sont déjà tendus et l’équipage, par leurs chants, se redonne courage pour, ensemble, remonter la lourde "épuisette ". Tache laborieuse et exténuante qui, parfois peut durer plus deux heures. Ainsi se répète largage et repêchage du filet dans une ambiance de sueur. L’atmosphère est chaleureuse et la solidarité tenace entre effort et repas collectif ou pipe à opium et lecture solitaire. Trois générations de birmans se côtoient sur le pont. Pour la plupart d’entre eux ce chalutier est leur lieu de travail et de vie. Faute de lotissements à quai, beaucoup travaillent, dorment et mangent sur ce petit chalutier en permanence. Trois plates forme à l’arrière du bateau où l’on ne se déplace qu’accroupis, la vie s’organise sans intimité possible. Quelques hamacs et rares biens personnel pour tout confort. Ces clandestins se sont souvent sacrifiés pour leur famille restée au pays. Ils peuvent subvenir ainsi aux besoins des leurs. Ils sont à la merci du moindre contrôle d’identité, synonyme pour eux d’un lourd bakchich à payer aux autorités locales dans le meilleur des cas, d’un rapatriement forcé en Birmanie dans le pire, avec tout ce que cela comporte de dangereux quant à leur sécurité personnelle. Ces travailleurs fuient la pauvreté engendrée par le régime dictatorial en vigueur en Birmanie. Ils sont des ethnies mon, karen, shan ou birmane. Sans avancée démocratique en Birmanie, leur situation est bloquée.
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