Afrique Centrale : viande de brousse, une guerre larvée.

Jean-Eric FABRE


This post is also available in: French

L’expression «viande de brousse» fait référence à tous les types de gibiers, espèces protégées ou non. Les hommes chassent les espèces sauvages dans les forêts équatoriales depuis 100 000 ans. Pendant longtemps, l’impact de cette chasse fut réduit et l’immensité des forêts ainsi que l’accès difficile aux zones marécageuses du bassin du Congo a limité le niveau de prédation sur la faune. La chasse restait un moyen de subsistance pour des populations de chasseurs – cueilleurs. L’ouverture de pistes jusqu’au cœur de la forêt pour l’exploitation forestière -même si celle-ci n’est pas directement responsable ; permet aux chasseurs d’accéder à des zones toujours plus reculées dont l’accès est rarement contrôlé. Faute de moyens et face à un phénomène de société, les autorités sont rarement présentes et la viande de brousse est devenue un commerce lucratif. Les guerres civiles successives ont déployé sur les zones de combat, des contingents s’alimentant au détriment de la faune. L’impact du commerce de la viande de brousse sur la faune africaine est difficile à évaluer, du fait de l’immense superficie concernée et des faibles connaissances que nous avons sur les effectifs et les taux de renouvellement des populations. En général, les espèces qui souffrent davantage sont les espèces de grande taille avec un cycle de reproduction lent. C’est le cas par exemple des éléphants, et surtout des grands singes, dont les gorilles et les chimpanzés qui paient un lourd tribut à ce commerce. Si cette pratique contribue, à très court terme, au développement des économies locales et permet aux populations rurales les plus démunies de subvenir à leurs besoins alimentaires au jour le jour – pour combien de temps encore ? elle hypothèque sérieusement l’avenir de tout écosystème.

 


The term "bush meat" refers to all types of game, protected species or not. Men hunt wildlife in the rainforests from 100 000 years. For years, the impact of the hunt was reduced and the vastness of the forests and the difficult access to wetlands in the Congo basin has limited the level of predation on wildlife. Hunting remained a source of livelihood for populations of hunter – gatherers. The opening track to the heart of the forest for logging – even if it is not directly responsible; allows hunters to access areas increasingly remote access to which is rarely checked. Lack of resources and facing a social phenomenon, the authorities are rarely present and bushmeat has become a lucrative business. Successive civil wars have deployed to combat zones, quotas also feeding at the expense of wildlife. The impact of trade of bushmeat on African wildlife is difficult to assess because of the huge area involved and the limited knowledge we have on staffing levels and turnover rates of populations. In general, species that suffer most are the large species with slow reproductive cycle. This applies, for example, elephants, and especially the great apes, including gorillas and chimpanzees who pay a heavy price for this trade. If this practice contributes to the very short term, development of local economies and allows the poorest rural populations to support their food needs on a daily basis – for how long? it seriously undermines the future of the entire ecosystem.

Country : Congo

Number of photos : 67