Jane Evelyn ATWOOD


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Pigalle, 1978. Jane Evelyn Atwood, jeune Américaine arrivée à Paris quelques années plus tôt, vient de consacrer son tout premier reportage photographique aux prostituées de la ville. Elle y affirme d’emblée ce que seront les principes de son œuvre : temps long, immersion, respect et empathie. Et l’univers de la nuit la fascine. Elle continue de l’explorer. Elle déambule dans les petites rues qui grimpent du boulevard de Clichy vers les Abbesses : rue Lepic, rue Houdon, et la rue des Martyrs… C’est le quartier des transsexuels, avec ses bars connus des seuls habitués, sa chaleur, ses joies, sa violence aussi, les touristes attirés par la vie nocturne mais peu enclins à s’éloigner du boulevard, et les passes à cent francs.
Un jour la photographe voit deux transsexuels entrer dans un immeuble. Elle les suit. Saouls mais dépourvus d’agressivité, ils la laissent les photographier. C’est là que ce livre commence. Les images qu’il rassemble seront réalisées sur une période d’un peu plus d’un an.
Dans le très beau texte qui les accompagne, où elle revient sur le temps qu’elles évoquent, Jane Evelyn Atwood écrit : « J’ai photographié les trans de Pigalle comme je les ai vus, mais je n’ai pas pu photographier ce qu’ils sont. Ils ont des vies difficiles parce qu’ils sont ridiculisés, craints, ostracisés, relégués aux marges de la société, mais plus encore parce qu’ils sont compliqués. Il y a chez eux une tristesse profonde, trop profonde pour être saisie par un appareil photographique, et peut-être même trop profonde pour être atteinte par les mots. C’est un territoire intime, secret, si secret qu’eux-mêmes n’y ont pas complètement accès. »
Puis vinrent les années 1980 et le sida. Les transsexuels ont commencé les uns à mourir, les autres à changer de quartier. Les skinheads des squats alentour, suivies plus récemment par les lois sur le racolage, ont contraint les derniers d’entre eux à fuir. Avec leur départ a disparu le Pigalle que raconte ce livre plein de compassion et de lucidité.
https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-19-juin-2018
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