LES DIAGUITAS DE TIUPUNKO


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Les diaguitas sont une des communautés indigènes les plus anciennes qui peuplent encore le sol argentin. Ils datent du V et VI siècle de notre ère et à l’époque de la colonisation espagnole ils habitaient une large zone géographique allant du nord du Chili, comprenant le nord ouest de l’Argentine jusqu’aux provinces de La Rioja, San Juan et le nord ouest de Córdoba. Nous trouvons encore des restes de leurs ingénieuses constructions, appelées en quechua* pucará, comme la Citadelle de Quilmes à Tucumán et Tolombón, Chicoana, Tilcara, Atapsi et Fuerte Quemado dans la province de Salta. Ces communautés sont actuellement représentées par des groupes de familles d’origine précolombienne comme les Pastrana, Aguaysol, Mamanis, Valderrama ou les Llampa, dispersés dans des zones rurales de la province de Tucumán ou dans le sud de Salta. Pour la plupart ils survivent, mais certains comme les Pastrana, essayent de préserver leurs traditions et ont crée une fondation appelée AMAUTA, destinée a favoriser l’économie locale, promouvoir la culture indigène et le tourisme écologique. Ce travail photographique montre quelques aspects de la vie quotidienne dans la famille Pastrana établie à 20 km au nord de Amaicha del Valle (province de Tucumán) dans un lieu appelé Tiupunko (« porte du soleil » en quechua). Dans cette communauté, la Pachamama (Terre-Mère, dans la religion des Amérindiens d’Amérique du Sud) est représentée par la doyenne María Magdalena qui, du haut de ses 87 années, surveille la tradition de la famille et avec beaucoup d’énergie chante tous les jours quelques couplets à la déesse-terre. Ces chansons parlent du bétail, de leurs cultures, du froid et de la santé des siens. La vie de cette population se déroule bien loin de l’agitation des villes et tous les jours se ressemblent ; réveil de bonheur pour s’occuper des chèvres et des moutons, travaux agricoles et création ou entretien des canaux d’irrigation pour les cultures. Depuis Amaicha del Valle, Sebastián Pastrana avec d’autres autochtones envisagent des nouveaux projets de tourisme écologique pour cette belle vallée couverte de sable de caroubiers et riche en ravins. « La culture diaguita – dit Sebastián – il faut la protéger car elle va finir par disparaître complètement à cause de la discrimination et des jeunes qui partent dans la ville pour chercher du travail. De cette manière notre peuple est condamné, comme notre culture. Avec le même objectif, un autre membre de la famille Balbín a fait édifier une école, a organisé un atelier d’informatique et cherche à promouvoir les travaux communautaires depuis la fondation AMAUTA, et l’amélioration de l’éducation des diaguitas. * La langue quechua appartient à la branche quechuamarán de la famille andino-ecuatoriale et était la langue prédominante de l’empire Inca.
Carlos M. Caballero

Photographies CABALLERO Carlos Marcelo