THOMAS BOIVIN, BELLEVILLE


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Le 19ème arrondissement de Paris est « bourré de détails comme un roman » écrivait Léon Paul Fargue en 1951.
Le préfacier des plus illustres ouvrages de photographies d’après-Guerre revendiquait alors son attachement à cet
ancien faubourg, maintes fois arpenté et documenté par des auteurs, fameux, comme Robert Doisneau, Willy Ronis,
Marcel Bovis ou encore René-Jacques. Le Belleville de Thomas Boivin puise ses origines dans cette tradition-là,
dans cette prédilection disons-le, ce talent pour le noir et blanc, dans ce goût pour la déambulation dans Paris mais
surtout dans cette affection particulière pour Belleville, quartier composite et populaire du 19ème arrondissement.
L’analogie avec l’histoire de la photographie française s’arrête toutefois ici. Car c’est davantage en l’oubliant qu’en
s’y appuyant que Thomas Boivin a pu réaliser son « portrait » de quartier alternant figures humaines, paysages et
signes urbains. Sa façon de voir les choses s’inspire davantage de la photographie américaine et d’auteurs comme
Mark Steinmetz, Robert Adams ou encore Judith Joy Ross qu’il cite volontiers. Et il est vrai que ses images illustrent
une relation au monde, une expérience intime mêlant document et étrangeté, qui a peu à voir avec l’imagerie
parisienne véhiculée depuis près d’un demi-siècle. Sans idée préconçue ni contrainte aucune nécessité de réaliser
un reportage, ni de nourrir une série, Thomas Boivin dresse un état du lieu tel qu’il le fréquente et photographie
ses habitants tels qu’il les rencontre.
Le périmètre de ce Belleville-là est d’ailleurs une affaire personnelle. Il dépasse les limites traditionnelles et
convenues pour rayonner sur une large part du Nord Est parisien. Celles et ceux qui connaissent les hauteurs
des Buttes Chaumont, le bas Belleville ou la foisonnante agora de la Place de la République, ceux-là reconnaitront
peut-être des endroits, les savoureux détails dont parle Léon Paul Fargue. Les autres y liront une autre forme de
récit qui relève de l’immersion et de l’impression, qui sonde l’atmosphère d’un décor hétéroclite et insouciant,
rapporte des façades désordonnées, des recoins aux allures de friches et signale des présences végétales plus ou
moins domestiquées, plus ou moins exubérantes : pas de topographie descriptive, pas de légendes encore moins
d’anecdotes plutôt un vocabulaire de formes, de textures et d’ombres. Comme l’explique le photographe lui-même,
ses images sont davantage avec et dans plutôt que sur Belleville.


 

photographs by Thomas BOIVIN

From 10/03/2023 to 04/06/2023
Maison de la Photographie Robert Doisneau
1 Rue de la division du Général Leclerc
94250 Gentilly
France

Opening hours : Mercredi au vendredi de 13H30 à 18H30, samedi et dimanche de 13H30 à 19H (fermée les jours fériés)
Phone : 01 55 01 04 86
https://maisondoisneau.grandorlyseinebievre.fr/