Décider que c’est ici que l’exil prend fin, et prendre la route du retour chez soi, le lieu de la plus belle et de la plus douloureuse mémoire.
Depuis les fenêtres du bus, regarder les champs du passé se déployer. Remonter le fil du temps jusqu’à ce point de la route, ce bout d’asphalte où l’existence s’est déchirée.
Contempler ce présent, qui est un amoncellement de ruines, et reconstruire.
Chercher dans les champs, les prairies, en lisière de forêt, les restes de son père, de son frère, de son mari. Leur offrir une sépulture, eux que l’on a voulu dissoudre dans l’oubli. Les inhumer dans la dignité et l’amour, eux qui sont morts dans la peur, traqués comme des bêtes.
Réunir les morts et les vivants. Ressouder les fractures. Panser la mémoire.
Relever ce qui a été détruit pour offrir un avenir à ses enfants.
Guérir.

Le reportage "Srebrenica, le retour à la terre" s’intéresse à l’histoire passée et présente des hommes et des femmes revenus vivre, après de longues années d’exil, sur la terre de leurs origines. Il interroge les raisons du retour, les mécanismes de la mémoire et de la résilience. Il montre, à travers la recherche des proches disparus et les funérailles annuelles lors de la commémoration du massacre de 1995, le travail du deuil et l’élaboration d’une existence apaisée, libérée du poids du passé et de ses fantômes.La première partie du reportage Srebrenica, le retour à la terre a été exposée lors des Rencontres photographiques à la mairie du 10e arrondissement, en novembre 2011. Aujourd’hui, la bibliothèque Château d’Eau, dont le fonds photographique se compose de plus de trois mille ouvrages, expose le reportage complet jusqu’au 30 mars 2013.