RAFLE DU BILLET VERT

LE MÉMORIAL DE LA SHOAH DÉCOUVRE UN REPORTAGE INÉDIT


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Une exposition à l’extérieur du gymnase Japy revient sur la première rafle de juifs en France.
Il y a 80 ans, la première arrestation massive de Juifs en France se déroule le 14 mai 1941 à Paris. Elle est organisée par la préfecture de police de Paris à l’initiative du commandement des forces militaires allemandes en France. Le gymnase Japy est l’un des principaux lieux de rassemblement.

Le jour même, 3 70O hommes sont internés dans des camps situés dans le Loiret à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande. L’immense majorité seront déportés un an plus tard vers le camp d’Auschwitz-Birkenau et assassinés.

Le Mémorial de la Shoah vient de découvrir une série de 98 photographies inédites de ce drame, attestant de scènes que nous ne connaissions jusqu’à présent qu’à travers les témoignages des survivants ou des familles : des hommes au gymnase Japy à l’adieu aux familles, de l’embarquement dans les autobus pour la gare d’Austerlitz, jusqu’à l’arrivée au camp de Pithiviers.

Ce fonds exceptionnel a désormais rejoint les collections du Mémorial de la Shoah.

 

 


Le Mémorial de la Shoah annonce l’acquisition récente de cinq planches-contacts, soit 98 photographies. Ce reportage inédit détaille précisément chaque étape de la première arrestation massive des Juifs à Paris, le 14 mai 1941, il y a 80 ans, à l’initiative des autorités allemandes, par les forces de la Police française.


LA DÉCOUVERTE EN DÉTAIL

Le Mémorial de la Shoah a fait l’acquisition de 5 planches-contacts, retraçant les lieux de la rafle dite du « Billet vert » – le 14 mai 1941 – auprès de deux collectionneurs spécialisés. Ces planches acquises par le Mémorial, numérotées de 182 à 187 – la planche 185 est manquante -, représentent 98 photos.
Les cinq pellicules du photographe apportent une réalité bien différente des seules photos diffusées par la presse collaborationniste. Pour la première fois, les lieux de l’arrestation sont immortalisés sous plusieurs angles ainsi que les protagonistes de la rafle. Jusqu’alors déshumanisées par la propagande, voire totalement effacées des reportages, les familles des raflés sont représentées dans l’émotion des adieux, sous les yeux des curieux et des voisins.
Surtout, cette découverte, essentielle à l’histoire et au devoir de mémoire, nous permet de suivre le chemin parcouru par ces hommes raflés, de leur arrivée au gymnase Japy, lieu de la souricière, jusqu’à leur internement dans les camps du Loiret.


CE QUE RÉVÈLENT LES PHOTOGRAPHIES

Les 98 photographies, tirées en planches-contacts, permettent de suivre le déroulement de la rafle dans toutes ces étapes et dans le temps.
1. Les premières images montrent les protagonistes de la rafle à l’intérieur du gymnase Japy en discussion. Les deux commanditaires allemand et français sont parfaitement reconnaissables :
– Théodor Dannecker (1913-1945), représente Eichmann en France, et chef de la section IV J de la Gestapo, chargée de la question juive
– L’amiral François Bard (1889-1944), fraichement nommé préfet de Police de Paris.
2. La série de photos de Japy : les hommes arrêtés sont parqués dans les gradins à l’étage.
La première étape de la rafle a déjà eu lieu : les Juifs convoqués sont entrés dans la souricière. Ces photos inédites révèlent l’intérieur de Japy et les centaines d’hommes juifs entassés, ainsi que leurs accompagnateurs, souvent leurs épouses.
3. L’extérieur de Japy : des hommes arrivent encore, portant leur convocation et sont reçus par les policiers à l’entrée du gymnase. Ils disent adieu à leur famille tandis qu’une file de femmes et d’enfants se crée. Ils attendent de remettre des vêtements à leur proches.
4. Le quartier est bouclé. Les voisins sont aux fenêtres. Les familles sont acculées au fond de la rue et attendent d’avoir des nouvelles de leur proche. Les visages sont angoissés et la police fait barrage, puis évacue la rue.
5. Les hommes de tous âges, arrêtés, sortent un par un, encadrés par les policiers et entrent, chargés de leurs paquets, dans des autobus garés juste devant l’entrée du gymnase, rue Japy.
6. L’arrivée à la gare d’Austerlitz par l’arrière de la gare.
7. À Pithiviers, une vue inédite du hangar noir dont aucune image n’existait jusqu’à présent, durant l’internement des Juifs, qui sera ensuite le lieu de l’enregistrement des raflés du Vel d’Hiv et des déportations.


HISTOIRE

LA RAFLE DU « BILLET VERT » : PREMIÈRE RAFLE DE JUIFS EN FRANCE
PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE
La Rafle du « Billet Vert » constitue la première arrestation massive de Juifs à Paris, le mercredi 14 mai 1941. Ne se doutant de rien, ces hommes, principalement étrangers venant d’Europe de l’Est, sont convoqués le mercredi matin par la Préfecture de Police par un « billet vert », pour « examen de situation » et priés de se faire accompagner d’un parent ou ami.
Ces hommes, pour beaucoup des pères de famille, engagés volontaires au début de la guerre et ayant donc combattu pour la France, s’attendaient à un contrôle de leur situation.
Fuyant l’antisémitisme et les persécutions de leur pays natal – Pologne, URSS, Roumanie, Tchécoslovaquie – pensant trouver refuge dans le pays des libertés, ils sont arrêtés avant tout parce que Juifs et étrangers.
Plusieurs centres de convocation sont indiqués sur les « billets verts » : la caserne Napoléon (IVe), la caserne des Minimes (3e), 52 rue Edouard Pailleron (XIXe), 33 rue de la Grangeaux-belles (Xe) et le gymnase Japy (XIe) ainsi que d’autres centres dans les commissariats d’arrondissement et en banlieue parisienne.
Pour le gymnase Japy, 1061 Juifs sont convoqués à 7h du matin ; 800 répondent à cette convocation. Lorsqu’ils arrivent, ils sont contrôlés et retenus à l’intérieur du gymnase.
L’accompagnateur est chargé de se rendre au domicile de la personne arrêtée et de revenir avec une valise contenant des effets personnels.
Ensuite, les 3700 Juifs arrêtés sont emmenés à la gare d’Austerlitz dans des autobus spéciaux, encadrés par des policiers français puis internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret). Ils y resteront plus d’un an puis seront déportés directement au camp d’Auschwitz-Birkenau par les convois 4 du 25 juin 1942, 5 du 28 juin 1942 et 6 du 17 juillet 1942.
Lors de la Rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, c’est au tour des familles d’être arrêtées et détenues dans ces mêmes camps avant leur déportation au camp d’Auschwitz-Birkenau, entre juillet et septembre 1942.

DES PHOTOS DE PROPAGANDE
Dès l’Armistice, le 25 juin 1940, la presse est muselée en France par l’occupant allemand et la photographie de presse sous contrôle de censure. La Propaganda Kompanie (la PK), créée au sein de la Wehrmacht, est composée de photographes, de caméramans, de reporters radios et presse, équipés de matériel photographique très performant.
Cette unité, directement sous le contrôle du ministre de la Propagande en Allemagne, Joseph Goebbels, est chargée de documenter en images la dimension historique d’une action militaire et de réaliser des reportages de propagande pour l’étranger, pour la presse et les agences de l’intérieur.

 

À DÉCOUVRIR
À partir du 14 mai 2021
Gymnase Japy
Exposition en extérieur coorganisée avec la Mairie de Paris
2, rue Japy – 75011 Paris

Dès la réouverture
Photos disponibles au Mémorial de la Shoah en salle de lecture
17, rue Geoffroy l’Asnier – 75004 Paris

Prochainement – Été 2021
Mémorial de la Gare de Pithiviers (Loiret)

Conférence sur la découverte le jeudi 20 mai 2021 à 19h30
À suivre en direct du site internet du Mémorial, sur Facebook et Youtube.
En présence de Serge Klarsfeld, historien, président de l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, Lior Lalieu-Smadja, responsable de la photothèque du Mémorial de la Shoah, et Liliane Rysfeld, témoin du départ de son père le 14 mai 1941.
Animée par Ilsen About, chargé de recherche au CNRS, membre de l’IRIS, CNRS-EHESS.

 

LE MÉMORIAL DE LA SHOAH

Le Mémorial de la Shoah, plus grand centre d’archives en Europe sur l’histoire de la Shoah, est un lieu de mémoire, de pédagogie et de transmission sur l’histoire du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il réunit aujourd‘hui cinq sites : le Mémorial de la Shoah de Paris et du site de Drancy, le lieu de mémoire du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), le CERCIL Musée – mémorial des enfants du Vel d’Hiv (Loiret), le Centre culturel Jules Isaac de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

Ouvert au public le 27 janvier 2005 dans le quartier historique du Marais, le site parisien offre de nombreux espaces et un programme de sensibilisation conçu pour chaque type de public : une exposition permanente sur la Shoah et l’histoire des Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, un espace d’expositions temporaires, un auditorium programmant des projections, des colloques, le Mur des Noms où sont gravés les noms des 76 000 hommes, femmes et enfants juifs déportés depuis la France entre 1942 et 1944 dans le cadre de la « Solution finale », le centre de documentation (50 millions de pièces d’archives et 1 500 archives sonores, 350 000 photographies, 3 900 dessins et objets, 12 000 affiches et cartes postales, 30 000 documents cinéma, 14 500 titres de films dont 2 500 témoignages, 80 000 ouvrages) et sa salle de lecture, des espaces pédagogiques où se déroulent des ateliers pour enfants et des animations pour les classes et pour les enseignants, ainsi qu’une librairie spécialisée.

Une meilleure connaissance de l’histoire de la Shoah vise à lutter également contre le retour de la haine et contre toutes formes d’intolérance aujourd’hui : le Mémorial travaille aussi depuis plus de dix ans à l’enseignement des autres génocides du XXe siècle tels que le génocide des Tutsis au Rwanda ou encore le génocide des Arméniens.

 

INFORMATIONS PRATIQUES
Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy–l’Asnier – Paris 4e
Tél. : 01 42 77 44 72
contact@memorialdelashoah.org
www.memorialdelashoah.org
Réouverture dès le 19 mai de 10h à 18h. Tous les jours, sauf le samedi. Entrée libre et gratuite
Métro Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville.



 

photographs by Anonymes © Mémorial de la Shoah

Coté Mémorial de la Shoah, les photographies sont consultables sur demande.
From 15/05/2021 to 16/07/2021
Gymnase Japy
2 rue Japy
75011 Paris
France

Opening hours : Expo Libre et gratuite lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche de 6h à 19h
Phone : 01 42 77 44 72
contact@memorialdelashoah.org
www.memorialdelashoah.org