NONNES TIBETAINES EN EXIL


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Inde – 2010/2011Elles se nomment Tenzin, Gyaltsen, Jamyang ou Dolma. Les plus jeunes sont nées en exil, en Inde ou au Népal ; les autres ont traversé l’Himalaya, souvent au péril de leur vie. Jamyang, 48 ans, arrivée à Dharamsala en 2004 se souvient : « Marchant de nuit pour éviter les patrouilles chinoises, je suis arrivée les pieds gelés, je n’avais pas bu depuis quatre jours, j’ai cru que j’allais mourir ». Ville du nord de l’Inde, Dharamsala était un lieu de villégiature pour les colons britanniques. C’est devenu le siège du gouvernement tibétain en exil depuis que le Dalaï-lama s’y est installé en 1959, après avoir fui Lhassa, capitale du Tibet. Depuis, les réfugiés n’ont cessé d’y affluer ; ils sont aujourd’hui 94000 en Inde. Pour Tsewang Zangmo, arrivée à Dharamsala il y a deux ans c’est encore le temps de l’innocence. Elle a neuf ans et court dans les allées du monastère, joue au badminton, en attendant la reprise des cours dans quelques jours. Issue d’une famille pauvre de la zone frontière entre le Népal et le Tibet, ses parents ont choisi de l’envoyer ici afin qu’elle puisse avoir une vie meilleure. Espiègle et sérieuse à la fois, elle y étudie le tibétain, l’anglais, les sciences et la philosophie. Elle choisira plus tard de rester moniale ou de redevenir laïque.
Tenzin Choeden, supérieure de ce monastère défile pendant ce temps dans les rues de Dharamsala pour commémorer le soulèvement des femmes tibétaines du 12 mars 1959. « On m’a interdit de retourner dans mon monastère après avoir manifesté pacifiquement à Lhassa en 1998, j’ai passé deux mois en prison ». Pudique, comme le sont généralement les Tibétaines, Tenzin avoue que cela reste trop difficile d’en parler. Tsomo, sa traductrice, nous confie qu’elle garde de lourdes séquelles des séances de torture à l’électricité.
Gyaltsen Drölkar, l’une des « 14 de Drapchi » vit à Bruxelles et raconte ce douloureux parcours dans son livre L’insoumise de Lhassa* paru en 2011, « écrit par devoir de mémoire, parce que d’autres vivent aujourd’hui ce que j’ai moi-même vécu ». Emprisonnées dans les années 90 au Tibet après avoir manifesté pacifiquement et crié « Vive le Tibet libre, longue vie au Dalaï-lama ! », les « 14 de Drapchi » se sont illustrées en enregistrant clandestinement des cassettes de chants jugés « révolutionnaires et séparatistes » par les Chinois ce qui leur valu de cinq à neuf années d’emprisonnement supplémentaires.
Phuntsok Nyindron, compagne de cellule de Gyaltsen raconte : "À mon arrivée en prison, les gardes m’ont menottée dans le dos et tiré sur mes bras jusqu’à ce que mes épaules se disloquent. Ils m’ont ensuite brûlé les mains et le visage avec des cigarettes. Ils nous battaient au visage tous les jours. Mais ce jour-là, ils m’ont accroché des fils électriques sur les doigts et m’ont électrocutée, tout en me frappant avec des barres de métal. Ils m’ont laissée dans la cellule, inconsciente, sans me donner ni à boire ni à manger."
Depuis mars 2011, au Tibet oriental, plus d’une trentaine de moines, de nonnes et de laïcs ont tenté de s’immoler par le feu. Tenzin Choedron, nonne âgée de 18 ans, est décédée ce 12 février suite à son immolation la veille à Ngaba. Elle était considérée comme une jeune nonne calme, travailleuse et courageuse. C’était la troisième nonne à s’immoler ainsi.
« L’espoir est là, dit Gyaltsen dans un sourire, les choses peuvent changer car notre combat est juste, même si cela prendra du temps. Mais il nous faut plus que de la sympathie, il nous faut un vrai soutien », lâche-t-elle, dans un souffle soudain très grave.
*  Gyaltsen Drölkar, l’Insoumise de Lhassa – Douze ans dans les prisons chinoises au Tibet, François Bourin Éditeur, 2011.
* Tibetan Nuns Project : www.tnp.org
* Tibetan Women’s Association : http://tibetanwomen.org  NUNS AND RESISTANT FIGHTERS
India – 2011
They are named Tenzin, Gyaltsen, Jamyang or Dolma. The youngest were born in exile, in India or Nepal, the others crossed the Himalayas, often risking their lives. Jamyang, aged 48, arrived in Dharamsala in 2004 and remembers “walking in the night to avoid the Chinese patrols, I arrived with frozen feet, I hadn’t drank for four days, I thought I was going to die”. Dharamsala, a town in the north of India, was a holiday resort for British settlers. It became the seat of the Tibetan government in exile since the Dalai-lama settled there in 1959 after fleeing Lhassa, the capital of Tibet. Ever since, the refugees have continued to arrive and there are now 94000 in India. Tsewang Zangmo arrived in Dharamsala two years ago as a child. She is only nine years old and spends her time running in the passage ways of the monastery, playing badminton, waiting for her suppression of her lessons in a few days time. Born from a poor family from the area bordering Nepal and Tibet, her parents decided to send her here for a better life. She is playful yet responsible; she studies Tibetan, English, science and philosophy. Later she must choose whether to remain a nun or become non-religious.
Tenzin Choeden, a superior at the monastery marches in the streets of Dharamsala to commemorate the uprising of the women of Tibet on the 12th March 1959. “I was forbidden to return to my monastery after participating in a peaceful protest in Lhassa in 1998, I spent two months in prison”. Tenzin confesses that it is still too difficult for her to talk about. Tsomo, her translator, tells us that she suffers from post traumatic stress disorder from the electric torture.
Gyaltsen Drölkar, one of the ‘ Drapchi 14’ lives in Brussels and tells her painful journey in her book, ‘The disobedient Lhassa’, published in 2011. She was compelled to write “through an obligation to remember, as others are still living today what I lived through myself”. Imprisoned in the nineties in Tibet after shouting at a peaceful protest “Long live a free Tibet, long live the Dalai-lama”, the “Drapchi14” are shown recording secret tapes of chants that were deemed “revolutionary and separatist” by the Chinese. This earned them an extra five to nine years imprisonment.  Phuntsok Nyindron, who shared a cell with Gyaltsen recounts “when I arrived in prison, the guards handcuffed me behind my back and pulled my arms until my shoulders dislocated. Then they burned my hands and face with cigarettes. They hit us in the face every day. But this particular day they attached electric wires to my fingers and electrocuted me whilst beating me with metal bars. They left me in the cell, unconscious, without food or water”.
Since March 2011, in eastern Tibet, more than a third of monks, nuns and non-religious people have set themselves on fire.  Tenzin Choedron, a nun aged 18, died on the 12th February this year after an act of self-immolation in Ngaba the night before. She was described as a young, quiet, hard-working and brave nun. She was the third nun to sacrifice themselves in this way.
“There is hope, says Gyaltsen with a smile, things can change because our fight is just, even if it takes time. But we need more than sympathy, we need support”, she says with a sudden and grave sigh.
*Gyaltsen Drölkar, The disobedient of Lhassa – twelve years in chinese prisons in Tibet, François Bourin Éditeur, 2011.
* Tibetan Nuns Project : www.tnp.org
* Tibetan Women’s Association : http://tibetanwomen.org
Photographies OLIVIER ADAM

Du 01/06/2013 au 30/06/2013
MAISON CANTONALE DE LA BASTIDE
20 rue de Châteauneuf
33100 BORDEAUX
France

Horaires : Du lundi au vendredi de 9h00 à 12h30 et de 13h00 à 16h30.Les mercredis et vendredis de 18h30 à 20h00 et les samedis de 14h00 à 16h00.
Téléphone : 05 56 10 20 30
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