MY BRITAIN 1970-1980


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Homer Sykes fait partie d’une génération qui, d’emblée, envisage la photographie en terme de style et fait valoir des choix esthétiques, à mi-chemin entre information et création. Au début des années 1970, Sykes, qui est la recherche d’un  sujet encore peu documenté, décide de partir dans le Lancashire (nord de l’Angleterre) pour photographier les célébrations folkloriques de Pâques. Sans le savoir, il commence ainsi un projet de plusieurs années sur les coutumes traditionnelles de son pays. En 1977, il publie ainsi son premier livre intitulé  Once a Year – Some Traditional Bristish Customs qui illustre et répertorie les fêtes et les cérémonies folkloriques à une époque où l’identité britannique est justement en perte de repères.
Les vingt premières années de la carrière de Sykes coïncident avec une période de profondes transformations économiques au Royaume-Uni. C’est ce décor de crise qui apparaît en toile de fond de toutes ses photographies. Le monde ouvrier, les jours de labeurs, les villes de mineurs où les tas de charbon encombrent les cours des maisons sont décrits sous forme de chroniques où les protagonistes vivent pleinement leurs histoires tragiques ou burlesques. Si l’humour est récurrent dans l’œuvre de Sykes, il n’est jamais féroce ni ironique. Les pauvres, les humiliés mais aussi la classe dirigeante britannique apparaissent ici sous un même regard bienveillant, une même approche visant à montrer des comportements dans des situations banales ou incongrues. Mais la juxtaposition d’images issues de ces deux mondes permet à elles seules de percevoir le gouffre qui les sépare et de comprendre les raisons d’un malaise social qui s’installe alors en Grande-Bretagne. 

Difficile enfin de regarder les photographies d’Homer Sykes sans évoquer l’incroyable univers musical qui émerge au Royaume-Uni durant ces deux décennies. Entre 1970 et 1980, l’Angleterre invente et exporte le Glam rock, le Punk-rock, le Ska, la New wave, le New Romanticism, etc. à travers une liste impressionnante de groupes et de chanteurs qui dominent largement la scène internationale. Si Homer Sykes croise Paul et Linda Mac Cartney ou le futur Boy George ce n’est pas pour en faire des icônes mais pour les suivre dans un contexte familier pendant une tournée ou en discothèque : « I am not a rock and pop photographer, I photograph people» précise-t-il.  Sykes aborde la musique pop à travers les formes de culture ou de contre-culture qu’elle génère.  Il perçoit dans le mouvement punk ou skinhead le phénomène de mode qui se répand dans une génération en rébellion. Et s’il fréquente le Blitz Club de Covent Garden (à Londres) au début des années 1980 c’est pour observer ces New Romantics avec leurs maquillages et leurs poses indolentes.
 
 
Michael Houlette
Directeur de la Maison de la Photographie Robert Doisneau à Gentilly

Photographies HOMER SYKES

Du 05/09/2015 au 31/10/2015
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France

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