Les visas de l'ANI 2009 - Association Nationale des Iconographes -

BUFFER ZONE


This post is also available in: French

Le 22 août 2008, les Casques bleus russes annoncent la création de la “Buffer Zone” (zone tampon) sur le territoire géorgien entre Gori et Tshinvali. Ni les ONG ni la police géorgienne ne sont autorisées à entrer dans la zone de sécurité et plus de 50 villages géorgiens ont ainsi été livrés à la merci des maraudeurs et de la milice ossétienne. Cette zone est vite devenue un lieu fantôme : des maisons pillées et brûlées, des cadavres de villageois retrouvés dans les jardins et les caves. Des personnes âgées sont restées sur place pour protéger leurs maisons ou parce qu’elles n’avaient pas la force de partir. Pendant plus de deux mois, ces personnes vécurent sans électricité et sans eau potable, dans la peur permanente de se faire tuer par la milice. Leurs familles, plus de cinquante mille réfugiés des villages du district de Gori, sont, elles, massées dans les camps et les écoles.
Un an après la guerre, seule la moitié des familles décidèrent de retourner dans l’ancienne “Buffer Zone”, un territoire désormais proche de la nouvelle frontière avec l’Ossétie du Sud. L’atmosphère est très tendue dans les villages frontaliers. Presque toutes les nuits, on y entend des tirs.
On retrouve des milliers de débris de bombes dans les jardins et les champs. Autrefois région la plus riche d’Ossétie, Gori est devenue celle du désespoir et de la pauvreté.
J’ai visité deux fois la “Buffer Zone”. En août et septembre 2008, j’y accédais par des petites routes non contrôlées par les Russes ou accompagnée de villageois. J’ai vu le désespoir dans les yeux de ces gens, décidés à rester coûte que coûte sur la terre de leurs parents. J’ai vu la tragédie de cette guerre qui a touché chaque famille géorgienne de la région, car chacun a des parents en Ossétie. J’ai vu l’espoir lorsque les troupes russes sont parties : ils allaient enfin pouvoir reconstruire leur vie. Je suis retournée dans ces mêmes villages en août 2009. La vie avait repris. Mais la peur était toujours dans leurs regards car l’espoir d’un retour à la normale s’était envolé. Parce que c’est la “Buffer Zone”.
Cette série et cet article ont été publiés dans le magazine russe “New Times”. Ils remportèrent le “Humanistic photography prize” à la Fodar biennial.  
 BUFFER ZONE  August 22nd 2008, Russian peacekeepers announce the creation of the "Buffer Zone" on the Georgian territory, between Gori and Tshinvali. Neither NGOs nor the Georgian police are allowed to enter the security zone and over 50 Georgian villages have been forced to obey to the militia and to the Ossetian police. The area quickly became a ghost place : pillaged houses and burned bodies of villagers found in gardens and cellars. Elderly people did not leave their houses as they wanted to protect them or because they did not have enough strengths to leave. For more than two months, they lived without electricity and without drinkable water, in constant fear of being killed by the militia. More than fifty thousand refugees from the villages of the Gori district are piled in camps and schools.
One year after the war, only half of the families decided to return to the old "Buffer Zone", today situated near the new border with South Ossetia. The atmosphere is very tense in the border villages: almost every night gunfire can be heard.
We found thousands of fragments of bombs in gardens and fields. Once the richest region of Ossetia, Gori is nowadays a city of hopelessness and poverty.
I visited twice the "Buffer Zone". In August and September 2008, I could access to it through smaller roads, not controlled by Russians, or accompanied by the villagers. I saw the desperation in the eyes of these people decided to stay at all costs in the land of their parents. I saw the tragedy of this war that has touched every family in the Georgian region, because everyone has relatives in Ossetia. I saw hopefulness when Russian troops left: they were finally able to rebuild their lives. I returned in the same villages in August 2009. Life was back there. Unfortunately, fear was always in their eyes as the hope of a return to normal was gone. Because it is the "Buffer Zone".
This series of photos and this article were published in the Russian magazine "New Times". They won the "Humanistic Photography Prize" at the biennial FODAR.

 

 

photographs by Mila TESHAIEVA

From 27/11/2009 to 18/12/2009
Galerie du bar Floréal
43, rue des Couronnes
75020 Paris


Opening hours : Tous les jours sauf les lundis, de 14h30 à 18h30
Phone : 01 43 49 55 22
expoani@gmail.com
http://milateshaieva.com/