« Plus que jamais, le travail se trouve au centre des débats politiques, économiques et sociaux. Dimension incontournable de la vie des individus, il est considéré, et bien souvent vécu, comme indispensable à l’accomplissement de soi, à l’épanouissement personnel et identitaire ; source de savoirs, de développement de compétences ou encore créateur de lien social. Parallèlement, il peut être synonyme d’obligations et de contraintes. … La photographie relate très souvent les préoccupations qui animent le monde : elle nous parle de religion, de fanatisme, de sexe, de drogue, de mort, de guerre, de politique, … . Tout est état du monde. Mais les témoignages photographiques sur une des valeurs dans laquelle, pourtant, s’enracinent quelques fois les troubles de ce monde – le travail ou le non travail -, semblent plus rares. »
Sophie Prunier-Poulmaire, extrait du livre « Le travail révélé », éd. Intervalles, 2009.

La Chauvetière, petite zone industrielle nichée au pied de La Cotonne, bien blottie dans son creux abrite moins d’une centaine d’entreprises, de tailles diverses et plus ou moins connues. Quand on se rend dans ce lieu, on est d’abord frappé par la présence de bâtiments derrière des grilles longeant des routes désertes où circulent épisodiquement quelques rares voitures d’ouvriers et d’employés et quelques camions assurant des livraisons. Aux heures d’embauche ou de débauche, on remarque un peu plus d’animation mais rien à voir avec les grandes sorties d’usines d’autrefois. Du fait de l’éloignement et de l’isolement la voiture est nécessaire et chacun repart de son coté à la fin de la journée. Derrière les murs, femmes et hommes travaillent, parfois durement, chacun à son poste avec un rythme souvent élevé. Mais pas ou peu de contacts à la sortie. Ces quelques photographies se veulent un témoignage et un hommage à toutes ces personnes qui travaillent dans l’ombre, à mille lieues des grandes entreprises qu’étaient Manufrance, Creusot Loire où la Manu, les célèbres entreprises stéphanoises.