L’Afrique suspendue
Odeurs d’Afrique – Brûleur – Site de Lucy Il y a quinze ans, Thomas Chable rencontrait l’Afrique pour la première fois. Décrire cette relation entre le photographe et le continent africain, c’est un peu comme raconter l’histoire de deux êtres qui se découvrent. Il faut d’abord prendre tout le temps nécessaire, écouter, parler, sentir, échanger et faire un bout de chemin ensemble. C’est ainsi que se déroulent ses premiers voyages, Sénégal, Niger, Mali, Burkina Faso, … durant lesquels il réalise les premières photographies d’Odeurs d’Afrique où transparaissent les saveurs subtiles de la rencontre. Et puis il y a le temps si particulier sur ce territoire, qui ne ressemble à rien que l’on connaisse, qui est «comme un vieil élastique», écrit Thomas Chable, «il s’étire et reprend sa place, repart dans un sens, celui où l’on n’en voit plus le bout, et disparaît. Il n’en reste qu’un ersatz dont on se demande à quoi il tient encore.»
Les photographies de ce premier rendez-vous sont baignées de cette ambiance singulière où l’espace semble aussi indocile que les instants qui passent, quand le cadre glisse vers le hors-champ, s’accroche aux ombres ou à des petits riens fugitifs, découpe les corps pour n’en laisser que des fragments énigmatiques. Après trois années, et «des jours comme ça, à essayer d’attraper la queue du temps…», le projet Odeurs d’Afrique s’achève en 1997. En 2001, le photographe apporte un nouveau témoignage sur ces populations en partageant avec elles une autre forme d’intimité, celle des Brûleurs. Cette longue enquête dure cinq ans durant lesquels Thomas Chable va accompagner et partager le quotidien des hommes qui abandonnent tout dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe.
Annie-Laure Wanaverbecq

Scents of Africa

Fifteen years ago, Thomas Chable went to Africa for the first time. Describe the relationship between the photographer and the African continent is like telling the story of two beings that get to know each other. IFirst you need to take all the time that is necessary, listen, speak, feel, and live together. That’s the story of his first journeys in Senegal, Niger, Mali, Burkina Faso,… during which he made the first photographs of Scents of Africa which reflects the subtle flavours of the encounter. And then there’s time that passes oddly on this territory, which does not resemble anything that we know.
"The photographs of this first encounters are bathed in this unique atmosphere where space also seems as indocile as the moments that pass, when the frame shifts to the off-field clings to the shadows or small nothings fugitives, cut up the body just to leave that enigmatic fragments. After three years, and "days like that, trying to catch the tail end of time… *", the project Scents of Africa ends in 1997. In 2001, the photographer provides new evidence on these people by sharing with them another form of intimacy, one of the frontier burners. This lengthy investigation lasts five years, during which Thomas Chable will support and share the daily lives of men who abandon everything in the hope of a better life in Europe.

Annie-Laure Wanaverbecq
  

Aromas de AfricaHace quince años, Thomas Chable va a África por la primera vez. Describir la relación entre el fotógrafo y el continente africano es un poco como contar la historia de dos seres que se descubren recíprocamente. Al principio es preciso tomarse todo el tiempo que sea necesario, escuchar, hablar, sentir y compartir. Esa es la historia de sus primeros viajes a Senegal, Níger, Malí, Burkina Faso,… durante los cuales hace las primeras fotografías de Odeurs d’Afrique  (Aromas de África), que reflejan los sutiles sabores del encuentro. Y luego, el tiempo que pasa en ese extraño territorio, no se parece a nada conocido, “como un viejo elástico”, dice Thomas Chable, “se estira para después volver a su dimensión de origen, y partir aún en otra dirección desconocida hasta desaparecer. Dejando un vano recuerdo de lo que fue”.
Las fotografías de este primer encuentro bañan en este ambiente único donde el espacio también parece tan impreciso como los momentos que pasan, como si el marco del objetivo saliese del campo visual aferrándose a las sombras o a pequeños detalles fugitivos, cortando los cuerpos y reduciéndolos así a fragmentos enigmáticos. Después de tres años, y de "días y días, tratando de atrapar la cola del tiempo…", el proyecto Aromas de África se termina en 1997. En el 2001, el fotógrafo ofrece un nuevo testimonio sobre estas personas, compartiendo con ellos otra forma de intimidad, los “quemadores de fronteras”. Esta larga investigación dura cinco años, durante los cuales Thomas Chable acompaña y comparte la vida cotidiana de esos hombres que abandonan todo con la esperanza de una vida mejor en Europa.
Annie-Laure Wanaverbecq